Quand ça baroude dans la stratosphère, et autres hauteurs de bués lénifiantes, on y vient en troupeau pris de détresse pour invectiver le diable et sa diablesse, le borgne et sa borgne, le méchant lointain dont on ne connait rien, mais dont on suppose la malfaisance, l’hypocrisie et surtout la sournoiserie satanique en oubliant que cela ne sert à rien de s’acharner à couper la queue de Satan qui repousse plus vite que le temps qu’on met à la couper. Aux questionnements humains souvent provoqués par notre désarroi que par notre quiétude, il n’y a pas de réponses définitives, ni de réponses certaines. On peut même dire qu’il n’y a pas de réponses anhistoriques ou hors notre condition. Nous sommes des constructeurs de langages avec lesquels on interprètent la réalité, notre réalité et plus lorsque cela nous est accessible. On le fait en confrontant les faits aux faits et en complétant les manques par des faits cachés dont on subodore l’existence. Le tout une fois agencé en langage humain, s’appelle une théorie ou une croyance. La croyance contrairement à la théorie a comme terrain de prédilection les rapports sociaux, les instincts qui les commandent et l’environnement englobant l’étendue du vivant sous toutes ses formes et l’étendue de la matière et ses manifestations. Tant qu’on reste dans la construction des interprétations et des critiques à leur encontre pour les affiner et avancer dans l’interprétation de notre monde, les espoirs resteront ouverts et permis. Tant que nos croyances continuent à se mesurer à l’aune de la modestie d’abord et de la raison qui met la vie au centre de ses préoccupations sans se prendre la tête d’un démiurge, la folie collective n’est pas à craindre. Tant que l’effort de construction prend le pas sur l’effort de destruction, et que l’exigence s’exerce sur soi pour apprendre et comprendre sans se blottir dans les premières tranchées à vue, la confiance en notre humanité restera possible.