Il existe encore des gens qui se fatiguent à s’inscrire pour participer à des discussions sur les sites des news-mags ?
J’ai reçu, il y a peu, des exemplaires gratuits de la feuille de chou dont il est question. Lecture fatigante et inutile. Entre la pléthore de photographies, profusion digne d’un imagier aussi enfantin que le méli-mélo dont parle Leiris dans L’Âge d’homme, le mélange à la Prévert des types d’articles (un billet d’humeur, une brève, un article de fond, vaseux, la chronique du Pantalone Attali), les publicité pour les « garde-temps » chics — comprenez les montres qui coûtent un bras — et les billevesées bobo-citoyen-du-monde de la même farine, autant fournir des efforts pour chercher les promos sur la nourriture dans les prospectus des super-marchés.
Mais la lutte contre la haine n’a pas de répit chez ces gens-là. Les zorros de l’internet engagent même les prolétaires sous-payés de tous les pays pour la mener. C’est beau l’Internationale. Tiens, j’en verse des larmes.
Qui était donc cet auteur tant célébré qui déclarait « La haine est sainte. Elle est l’indignation des cœurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise. Haïr c’est aimer, c’est sentir son âme chaude et généreuse, c’est vivre largement du mépris des choses honteuses et bêtes » ? Qui profère cet éloge paradoxal ? N’était-ce pas l’auteur d’une fameuse lettre ouverte ?
De nos jours il vitupérerait avec talent sur E&R, ou sur /b/, la négation absolue de l’espace des censeurs gais comme une bière descendant mornement à la fosse, au lieu d’alimenter des pages de léthargique prêchi-prêcha neurasthénique. Dieudonné a raison. Ne les lisons plus. Barrons-nous. « Ils se pendent à nos bras, ils se jettent dans nos jambes avec des rires niais, d’absurdes sentences ; ils nous rendent les sentiers glissants et pénibles. » Ils s’accrochent à nos vies en marche car ils sentent obscurément qu’ils ont déjà disparu.