Les autorités grecques tentent-elles de vendre leurs nouvelles dettes ?
4 février 2015 22:49, par nicolasjaissonJ. Sapir ne dit pas que la dette grecque a déjà fait l’objet d’un rachat des créances auprès des banques par des organismes européens comme le fonds de soutien, la BCE et le FMI avec en plus des dispositifs de moratoire importants repoussant le remboursement du principal de la dette au "calendes grecques" et dont les intérêts ont été fortement minorés, si bien que la charge de la dette se trouve pour la Grèce dans la moyenne européenne, voire en dessous de pays "périphériques" comme le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande. Le problème principal réside dans les possibilités de financement d’une économie qui a fait les frais de trente ans de socialisme centralisateur et dépensier,si bien que l’économie privée est incapable de supporter le poids d’un Etat dont le budget est disproportionné. La Grèce ne peut quasiment plus emprunter auprès des banques, ce qui oblige le gouvernement à s’adresser à la BCE pour acheter ses bons du Trésor dans les limites impartis par la Troïka. le problème principal n’est donc pas du tout le financement de la dette, mais l’impossibilité devant laquelle se trouve l’Etat grec de pratiquer une politique de relance fiscale suivant les schémas keynésiens qui ont fait invariablement la preuve de leur inefficacité à relancer la croissance. Pratiquer une nouvelle politique de relance par les dépenses publiques serait proprement absurde, voire suicidaire, pour un pays déjà la merci de ses créanciers. Par contre il n’est jamais question de changer de modèle économique, dans le sens d’une remise au travail de la Grèce par le découplage de ses capacités productives par rapport à une économie mondialisée qui la condamne à la portion congrue limitée au tourisme. Et si au lieu de financer la croissance par la dette, elle était relancée par la reconstitution d’une économie privée qui serait consacrée non à la rémunération des investisseurs bancaires, mais à la satisfaction des besoins matériels de la Grèce et de ses voisins avec lesquels elle nourrit une continuité d’intérêt, comme mes pays de la Mer Noire, Ukraine et Russie comprise ? Un tel changement demanderait une rupture franche avec le modèle keynésien européen pour réinventer une économie de production dotée de sa propre monnaie qui serait basée sur les actifs constitués par les entreprises dévolues aux marchés grecs non manipulables par un Etat débarrassé de ses lubies dirigistes pour se consacrer à la défense des intérêts des Grecs, à défaut de l’économie-monde financiarisée.