En effet, "dictature à petits pas". Exemple : une loi autoriserait l’ouverture des "salles de shoot à titre expérimental". Autrefois jamais une telle proposition de loi n’aurait passé la barre du conseil d’état. En effet, une loi peut être bien des choses sauf expérimentale. Une telle loi devrait donc être déclarée anti-constitutionnelle. Hélas, elle ne le sera pas.
L’expérience en effet le admise en matière de recherche scientifique mais le droit l’exclu absolument en son essence. L’expérience admet l’erreur, et elle peut échouer et progresse ainsi. Le droit ne peut absolument pas admettre à l’avance l’échec, l’erreur possible ! Quel législateur proclamerait : je promulgue telle loi mais celle-ci est peut-être mauvaise ! Et c’est pourtant cela ! Le droit est du domaine du "positif" et non du spéculatif. "On va voir si cela marche" n’est pas juridique. Il en est ainsi pour les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire.
C’est aussi le fondement même de la "responsabilité politique". Les hommes qui gouvernent sont responsables de leurs actions devant une assemblée collégiale élue et représentative du peuple. Telle est la conception du droit moderne. Mais si les hommes politiques se réservent une possibilité d’erreur, ils ne sont plus comptables de leurs échecs puisqu’il serait alors admis qu’ils ont le droit de se tromper. Il n’y a plus de responsabilité politique.
Les corps politiques s’arrogent ainsi discrètement un droit énorme : celui de se tromper ! Ce droit n’appartient en principe qu’aux citoyens libres qui en répondent parfois devant les tribunaux.
C’est ainsi aussi que la dictature avance, par l’oubli des principes du droit fondamental.