Dans la société traditionnelle, l’art existait dans le monde. Après que le pouvoir fut transféré de la possession terrienne et de la puissance militaire à la scène financière des institutions bancaire, boursière, juridique et médiatique, le terrain de l’art se réduisit à la scène artistique des musées, maisons de vente aux enchères, galeries, critiques.
La puissance artistique contenue dans le retable d’Issenheim éclairait l’humanité toute entière, du cerf au roi. L’urinoir de Duchamp ne peut exister, en tant qu’œuvre d’art, en nul autre endroit qu’au sein de la scène artistique (en dehors du musée, on pisse dessus de bonne foi) et uniquement pour un « initié » (à qui un critique a expliqué pourquoi c’est de l’art). Tout comme la totalité de la peinture de Pollock est contenue dans deux centimètres carrés d’un faux-marbre de Fra Angelico…
L’art contemporain, cet art sans qualités autres que le cynisme et l’arrogance, est à l’Art ce que le noachisme est à la spiritualité : un projet de grand remplacement des champs d’actions humains fondamentaux compatible avec l’avènement du Nouvel Ordre Mondial et ses valeurs. Le « stock » d’art véritable à jamais immuable, tel le bitcoin, ayant vocation à être entièrement capté par ses seules élites.
Pour être détruit, ou simplement soustrait au monde ?