Merci à l’auteur pour ce texte magnifique d’abord parce qu’il met les pieds dans le plat de la question nationale et qu’il le fait dans les grandes largeurs ou, plutôt en plongeant dans la profondeur de la question religieuse.
Il est savoureux de constater qu’après avoir répudié René Girard il marche sur ses brisées (peut-être à l’insu de son plein gré ?) puisqu’il met en avant, avec raison, je crois, le pouvoir rassembleur et réconciliateur des morts qui sont ainsi source de vie (en paix) pour leur descendance.
Là où j’ai une petite inquiétude c’est que sa logique argumentative, tout en lui laissant envisager un possible retour à une forme de catholicisme associant patriarcat et piété filiale, invite à "une sacralisation religieuse des liens de sang".
Je ne suis pas spécialiste mais ceci me paraît clairement anti-chrétien. Parce que la fraternité des hommes unis par la même foi en Christ est alors perdue ; puisque la logique du sang réintroduit les discriminations raciales déjà présentes aux temps bibliques. C’est un retour à la pensée tribale et aux logiques de réconciliation violente.
Toute la beauté de ce qui se voit en Asie et qui est proprement christique de part la charge de responsabilité que l’individu est invité à assumer pour le bien du collectif se trouve perdue dès lors que se trouve réintroduit quelque chose d’aussi terriblement matériel que la lignée.
Ce qui compte c’est de se reconnaître comme vraiment semblables, de manière à pouvoir se faire confiance. Le sang n’offre pas (plus ?) de garanties suffisantes sous ce rapport. C’est pour cela qu’on faisait porter des stigmates à ceux qui étaient sortis du droit chemin et à qui on ne pouvait plus faire confiance. Grâce à leurs marques on savait devoir s’en tenir à l’écart.
Les nations européennes ont été bâties par une foi catholique qui a su rassembler des peuples très divers, et c’est le cas en particulier de la France. C’est l’unité de la foi qui faisait le vivre ensemble en confiance.
Le commencement de la fin est venu avec la Réforme.
Mais il est clair que l’Eglise ne peut jeter la pierre à personne. Elle est la première responsable.