On fait souvent une erreur d’analyse en croyant que les BRICS sont une alliance idéologique de forces conservatrices et patriotiques en lutte contre Davos et les USA. Aussi bien les partisans que les adversaires des BRICS font la même erreur d’analyse. Et du coup, chacun croit que tel ou tel membre peut flancher (les pro-Occident pour le souhaiter, les anti-Occident pour le redouter).
Mais en fait, les BRICS ne sont pas une alliance idéologique. Ils sont simplement l’expression concrète des forces productives sur la scène mondiale. L’Occident imprime la monnaie et les BRICS produisent la valeur. A un moment donné, il est obligé que ça "coince" (cf. Paradoxe de Triffin). Et cela n’a rien à voir ni avec l’idéologie, ni avec une entente géopolitique, ni avec quoi que ce soit de variable. C’est la loi d’airain de la macro-économie, et c’est tout.
C’est précisément la raison pour laquelle le BRICS est un amas hétéroclite de puissances potentiellement rivales. Parce-que leur entente actuelle est sur-déterminée par la dialectique des forces productives à l’échelle mondiale. Récemment, le Brésil est passé de Bolsonaro à Lula, sans changer de géopolitique à ma connaissance (Lula a voyagé à Pékin fin Mars, et envoie balader les Occidentaux sur la guerre en Ukraine).
Il est peu probable que le "front des BRICS" se désunisse dans la séquence actuelle. Au contraire, de nombreux pays le rejoignent (Argentine, Arabie Saoudite, Pakistan, Turquie, Iran, et même Israël !!!). C’est une logique de la valeur contre la monnaie. On pourra commencer à voir des failles se dessiner dans les BRICS uniquement quand l’ordre monétaire actuel (Dollar-Euro) aura été abattu, et que les nouveaux maîtres du monde (émergents, producteurs de valeur réelle) commenceront éventuellement à rivaliser entre-eux. Dans la séquence actuelle, je pense qu’il est hautement improbable de voir un conflit émerger entre eux.
En tous cas, c’est la bonne occasion de voir si la théorie matérialiste dialectique de l’Histoire se vérifie ou non ! ... On verra bien.