Est-on tenu d’obéir à un fou ?
3 juillet 2024 10:01, par nicolasjaissonLa crise Covid a démontré qu’il était possible de se passer de la richesse produite pour la remplacer par de la richesse financière, le temps que les choses retournent à la normale, c’est-à-dire pendant deux ans et demi. Il est frappant que ni Edouard Philippe, ni Emmanuel Macron ne fassent mention du poids financier de la crise Covid, alors que d’après eux la France serait au bord de l’effondrement. Macron est plus franc, quand il parle d’état de choc, ce qui laisse entendre une intention cachée derrière un traumatisme délibérément provoqué et non subi, comme certains politiques feignent de le penser. Car l’idée derrière la suspension des ressources fiscales tirées de l’activité économique est de remplacer le financement national du budget par la création d’un financement du budget européen alloué à la relance Covid. le tour de passe passe consiste à utiliser le désarroi créé par une situation d’exception pour faire passer des mesures budgétaires qui autrement n’auraient jamais passé la rampe du fait de leur ampleur. En l’occurrence il s’agit du financement par la dette de ressources supplémentaires allouées à la Commission sous la forme d’obligations européenne, baptisées "green bonds" pour l’occasion. Adieu donc les maigres "ressources propres" de la Commission et vive l’endettement illimité auprès des marchés, avec la garantie des Etats-membres bénéficiaires de la manne financière allouée sous forme de prêts ou de dotations. Ainsi la catastrophe économique se transforme en miracle économique, comme si le désert reprenait des couleurs sous l’effet d’une pluie salvatrice de subventions en tous genres. Et c’est ainsi qu’est née la mutualisation des ressources budgétaires nationales, sous la forme d’un budget européen dédié aux multiples programmes de financement qui composent le nouveau plan Marshall créé par Ursula von der Leyen. Ce sera le grand oeuvre de son deuxième mandat, qui voit la réalisation du pilier manquant au traité de Maastricht, à savoir l’unification budgétaire. Quand les médias s’ébahissent devant l’énormité de la dette française, ils oublient que l’Etat français est garant de la dette européenne qui prend progressivement le pouvoir sur le Trésor français par le transfert des ressources de financement. Von der Leyen va pouvoir financer sa défense européenne après avoir pris le pouvoir sur la réorganisation complète de l’économie des Etats-membres de l’UE, à l’occasion de la relance post-covid. Pourtant aucun souverainiste n’en parle.