De qui détruit-on les enfants, dites-vous. À qui, précisément, devons-nous cette soudaine révérence émotionnelle. Pourquoi, en toute rigueur, devrais-je faire montre de compassion à l’égard de parents qui, bien souvent, sont les premiers artisans de leur propre ruine — et, par effet miroir, de celle de leur progéniture. Cette injonction à la pitié universelle, ce pathos dilué dans le sirop idéologique, ne tient debout que dans les salons rassurés d’une bourgeoisie culpabilisée ou dans les cénacles d’une gauche qui, pour se faire pardonner d’avoir renoncé à penser, s’est mise à aimer tout le monde sans discernement.
Ah, cette religion molle du “tout le monde est joli, tout le monde est beau”. Une liturgie fade, privée de jugement, hostile à la verticalité des valeurs, qui préfère l’égalitarisme sentimental à la responsabilité individuelle. Je ne suis ni arbitre des larmes ni collecteur des détresses auto-infligées. La lucidité, elle, ne compatit qu’avec la vérité. Et la vérité, cruelle comme la lumière crue du matin, ne s’incline pas devant l’émotion