Le sexe n’est pas un caprice, c’est une programmation. Une pulsion logée au cœur du cerveau, plus ancienne que la raison, plus forte que la morale. L’homme désire. Il craque devant la courbe d’une hanche, la douceur d’une peau, la présence du sexe féminin comme on cède à un appel impérieux. Ce n’est ni honteux ni sacré, c’est réel. Brut. Inévitable.
L’inverse, mutatis mutandis, est tout aussi vrai. Le feu brûle des deux côtés du miroir.
Ulysse, pourtant maître de lui, dut se faire lier pour ne pas répondre au chant des Sirènes. Il savait que le désir abat la volonté. Il avait compris que même l’intelligence ploie devant l’appel du corps.
Dura sex, sed sex.
Le jeu de mots est obscène. Et alors. La maxime romaine disait : Dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi. J’ose une variation, car le sexe est lui aussi une loi. Non écrite, mais gravée. Il gouverne. Il tranche. Il échappe.
La loi veut dompter le sexe. Le baliser, le punir, le soumettre. Elle s’y casse les dents. On réglemente les bordels, on condamne les écarts, on légifère sur les fluides et les fantasmes. Vaine entreprise. Le désir ne se range pas en articles.
Le sexe est hors-la-loi par essence. Il désobéit. Il transgresse. Il déchire les costumes, renverse les dogmes, ridiculise les prêches. Il est le poing fermé contre l’ordre, le rire du corps contre les chaînes de la vertu.
Et pourtant, il ne détruit pas. Il révèle. Il libère. Il unit. Il crée. Le sexe est une insurrection qui donne la vie. Voilà sa gloire.
Je ne parle pas de l’abus, ni du viol, ni de la domination. Ceux-là relèvent du crime, non du désir. Je parle du feu juste, du consentement souverain, du vertige partagé.
On peut bien lui jeter des pierres, l’appeler péché, le noyer sous la honte. Il revient. Toujours. Il est le diable dans l’ombre des sacristies. Il est la vérité sous la robe du juge.
Dura sex, sed sex.
Même rude, même indomptable, le sexe reste la dernière liberté. Et ceux qui veulent l’éteindre finiront consumés.