XV – Turgot ou l’avènement du libéralisme : la fin de l’Ancien Régime
1er février 2012 14:46, par RobespierreJ’avoue ne pas avoir lu les articles précédents de cette Histoire de France en détail. Cependant il se trouve que je suis en train de réviser - il est nécessaire de réviser par souci d’approcher autant que faire se peut une vérité - les événements de cette période. Si je le résume : les philosophes des Lumières sont de « joyeux drilles » recherchant la « pierre philosophale ». J’ai lu aussi le livre d’Alain Soral qui fait remonter la prise de pouvoir de la Banque à cette époque, se plaçant donc sur la même ligne que Marion Sigaut et érigeant le libéralisme en père de tous les maux.
Turgot était un libéral. Certes, mais il faut recontextualiser l’expression. Et d’abord rappeler qu’on peut être libéral sur divers plans : politique, économique, financier... la finance n’étant pas l’économie, contrairement à ce que tendent à nous faire croire les discours dominants actuellement. Être libéral, c’est avant tout placer la Liberté comme valeur première telle celle d’opinion, de religion, d’expression.
Au moment où Turgot est appelé aux affaires la situation léguée par Louis XV est difficile. Le prestige militaire de la France est ruiné, elle a perdu une partie de son empire colonial suite à la guerre de Sept ans (1756-1763) ; les finances sont en mauvais état suite aux dépenses de guerre et à la charge de la Cour (on semblait toujours à la veille d’une banqueroute) ; en 1771 Maupeou avait muselé les Parlements toujours frondeurs.
Le nouveau contrôleur général des finances avait le soutien des Lumières. D’Alembert écrit « Si le bien ne se fait pas par lui, c’est que le bien est impossible. » Les Parlements sont rétablis dans leurs anciennes fonctions. Turgot promeut le programme suivant « Point de banqueroute, point d’augmentation d’impôts, point d’emprunts » donc point d’asservissement supplémentaire de l’État à la Banque. Il compte y parvenir par l’économie. De fait il commence par réduire son propre traitement de moitié. Il écrit au Roi « Votre majesté ne doit pas enrichir même ceux qu’elle aime aux dépens de la substance de son peuple. » Il abolit effectivement la réglementation du commerce des grains. Malheureusement 1774 sera une année de mauvaise récolte qui entraînera une disette et la Guerre des Farines. Mais il abolira aussi la Corvée royale en 1776, qui obligeait les paysans à travailler gratuitement à la construction des routes. La dépense pèsera désormais par l’impôt sur les propriétaires fonciers.
Nuançons, révisons ce portrait trop à charge.