Marion Sigaut - Les lumières : un antihumanisme
23 juillet 2012 23:11, par UrbonMerci pour ce cours d’histoire passionnant.
Intuitivement cependant, je suis arrivé à un raisonnement très proche. En particulier en ce qui concerne l’élitisme, parce que c’est ce qui explique tout finalement. Ce n’est pas tant la monarchie et l’Église qui ont été combattu que les monarques et les curés. C’est plus un transfert de pouvoir qu’une refonte du système. Avant les lumières, les nobles et les curés étaient les plus instruits. Ils n’étaient pas les plus riches, les marchands ayant pris le dessus depuis quelque temps déjà. Après la révolution, la nouvelle élite dirige du fait de ses connaissances scientifiques et domine du fait de la productivité de ses usines. Patrons (administrateurs) et scientifiques sont les seuls à décider. C’est tout l’esprit de la gauche, dont la seule préoccupation sociale ne peut être que sécuritaire. Il faut éviter les émeutes. A la base, le rassemblement des ouvriers en syndicat permet au patronat d’avoir un seul interlocuteur en face de lui, il laisse faire. Le communisme fait de cet interlocuteur le chef du parti ouvrier et supprime les patrons, conserve les scientifiques en général (sinon il tombe dans l’obscurantisme). Dans tous les cas, l’école devient le seul moyen d’accéder au pouvoir. L’égalité, c’est l’égalité des chances et c’est donc l’accessibilité des écoles. Par contre, la sélection à l’école, c’est l’inégalité à la sortie. Et la droite ? C’est la frange de la population qui entend vivre de ses rentes et qui sera forcément corrompue avec le temps, le fils à papa qui se fait payer le bacho en est l’image caricaturale. Voilà l’idéal révolutionnaire. Sauf que, c’est le plus important, puisque l’école garantit l’accès aux privilèges, pour conserver ses privilèges, il faut rendre l’école indigeste au commun des mortels. Seuls les parents eux même suffisamment instruits doivent être en mesure d’éduquer les futures élites, en leur inculquant un niveau d’exigence adéquat. En fait, à l’école, on apprend tout trop tard aux enfants et c’est fait exprès. Ce sont aux parents d’initier leurs enfants. L’école devient alors, pour ces enfants, l’apprentissage de la concurrence et de l’excellence (la domination en fait). Pour les autres, sans aide, c’est l’orientation vers les filières techniques. Bref, les lumières, c’est l’explosion des sciences mais c’est aussi l’asservissement du peuple à un nouveau dogme, celui du progrès : Le monde court à sa perte mais la science (non plus la foi en Dieu) peut l’en sortir.