Inquisitio : la propagande anticléricale au secours de vos vacances !
18 juillet 2012 15:12, par TremahIl suffit de lire les avis sur le site allociné - essentiellement positifs - pour mesurer la chute accablante de l’intelligence critique de nos contemporains, réduite au formalisme desséché et à la sensibilité esthétique pure.
Voilà enfin, pour résumer le sentiment général, une série à l’américaine et à la noirceur assumée qui se contente pourtant de véhiculer le cliché attendu d’une période "obscurantiste" marquée par l’intolérance chrétienne. Un révisionnisme permanent, donc, tant la période médiévale, comme peuvent en rendre compte les historiens et littérateurs honnêtes, fut aussi, et au contraire, celle de la naissance du roman, du lai coloré, de l’épanouissement de l’amour courtois - soit la reconnaissance de la femme - mais aussi d’une suavité chrétienne subtile et sensualiste se mélangeant à l’imaginaire enchanté du paganisme tardif...
Une ambiance donc, comme on dit, parfaitement retranscrite par une photographie léchée et bien installée dans des décors somptueux dont la richesse tranche par rapport à la platitude usuelle de nos fictions hexagonales sous-produites et contraintes, par un accablant manque de moyen, à une écriture sans ambition criant de partout sa défaite culturelle devant les séries américaines : patelin de merde habités par des cas sociaux minés par les soucis... bref, les vieux restes, effectivement, d’un naturalisme social hérité de la tradition romanesque et feuilletonnante du XIXème siècle. Le scénariste des Soprano, quant à lui, cite en référence Flaubert et Balzac pour justifier le rythme observateur et méticuleux de sa série - faut pas chercher à comprendre...
Sur ce point, il faudrait aussi convenir d’une part que a) une majorité de séries US sont portées au pinacle par simple effet de mode, et sont en réalité des merdes absolues jouant la carte de l’originalité forcée (chaînes du câble sur le fameux modèle HBO, s’adressant à un public de niche numériquement important, donc économiquement rentable) ou, au contraire, de la recette commerciale éprouvée (chaîne nationale produisant des séries policières) ; et d’autre part que b) les "Borgia" ou "Inquisitio" restent des décalcomanies mineures et velléitaires qui ne soutiennent pas la comparaison avec des séries historiques comme "Rome" ou avec des oeuvres réellement écrites du calibre de "Oz" ou des "Soprano".
(fin dans le second post, désolé pour la longueur)