On se fait fourguer de la camelote de contre-bande sans même y prendre garde.
Je viens de parcourir quelques articles ici et là, et ça fait plusieurs fois que je tombe sur « les Justes », avec l’initiale capitalisée. Or ce pseudo-concept constitue de la fausse-monnaie battue par les as de la quémande. Si ma mémoire ne faillit pas trop, elle a commencé à se répandre en France à l’époque de la Liste de Schindler avec la formule de « Juste parmi les Nations ». Il s’agit d’une espèce de médaille en chocolat octroyée depuis Jérusalem.
Et on est prié de se sentir honoré. Pour recontextualiser, au début des années 90 David Cole avait marqué des points. Aux States il s’agissait de savoir si on allait claquer de l’argent pour un musée de la larmiche ; en France on s’était appuyé le pipeau de Carpentras et la loi du Dogme de la nouvelle Religion des Trains et des Douches dans la foulée. Spielberg a pondu alors son morceau d’anthologie d’humour juif parce que la baraque à zyklon commençait à prendre feu. En même temps, coller des fours crématoires à côté d’une pièce remplie d’un gaz dont le point d’éclair est de -18°C, fallait s’attendre à quelques désagréments. Pas fortiches les ingés chez les casques à boulons.
Revoyez le bidule, ne serait-ce que pour percevoir à distance la façon dont on manipule les sentiments et surtout pour vous taper un bonne partie de rire. Le « génie » du 7e art a ensuite sorti un documentaire The Last days, où « Tout est vrai », qui se fait démonter pièce par pièce dans The Last days of the big lie, facilement trouvable sur le Tube.
Puis la mention « Juste » a fait son bonhomme de chemin. La fausse monnaie chasse la bonne, l’adage est bien connu. Moins on a parlé de fusillés français, de résistants - juifs comme Romain Gary, ou pas, en tout cas patriotes - de la bataille du rail, de Malraux et de Jean Moulin, plus on a eu droit aux polonais qui partent à la montagne, aux émouvants récits avec titres évocateurs : Mon pyjama à rayures, Myriam qu’on la nommait ou Le ramassage avec Gad Elmaleh.
Du coup ça s’est pressé au portillon pour avoir la médaille en chocolat. La même que celle d’Oskar au grand cœur. On croirait presque que c’est aussi important que d’avoir reçu la Médaille de la Résistance ou celle des Services volontaires dans la France libre. En fait, non. C’est de la merde. Une sorte de ferblanterie qu’on trouve dans les paquets de lessive. Mais fleur de coin, droit sortie de chez le CRIF et l’UEJF.