Au delà de la tristesse des évènements et de la ’’morale de l’histoire’’ ce petit documentaire nous met face aux ironies de l’histoire. Malgré la lourdeur du sujet, il est inévitable de décortiquer la situation :
Le premier constat est que les collaborateurs Algériens, dans un contexte de processus de décolonisation, ont été punis par les évènements. Il faut savoir que puisqu’ils ont été livrés à eux-mêmes après 1962, le FLN a extirpé sa vengence sur eux. Il ne s’agit pas de blâmer à tout jamais le FLN. Il faut tout recontextualiser et quelque part, le choix du FLN devient une manière de regagner une certaine dignité face à la trahison. Ce n’est pas aux moralisateurs de nous (analystes) rappeler à l’ordre en traçant le portrait des Harkis comme des victimes d’un système qui les a laissé tomber. Je rappelle qu’ils ont fait un choix et c’était celui de la France (certes, grâce aux manipulations d’ethnologues et anthropologues de l’armée française qui était prête à tout pour monter les tribus, dans les Aurès et ailleurs, les unes contre les autres).
Le deuxième constat est celui du paradoxe français. Il est assez difficile d’éprouver une certaine forme de respect pour les gouvernements qui se sont succédés depuis la libération en 1945. Même si De Gaulle reste un grand de l’histoire de France, sa déclaration sur les Harkis en dit long. Sont-ils réellement des citoyens à part entière ? Bien sûr que non. Dans l’imaginaire collectif des Français de l’époque, le spectre de la Guerre d’Algérie est encore présent et le Harki moyen représente ce qu’il y a de plus repoussant du point de vue de la défaite puisque l’Algérie a cessé d’être Française. Donc, quoi en faire des ces demi-Algériens aspirants Français ? Les camps bien sûr ! Encore une fois, comment la France a-t-elle pu faire ça ? Après l’abominable Shoah ? Est-ce un deux poids, deux mesures ?
Le troisième et dernier constat est que les Harkis de la prise d’otages ont utilisé les mêmes procédés que leurs compatriotes du FLN pour venir à bout de l’injustice en France. Est-ce là le fruit de l’ironie ? Je crois que oui parce que ces procédés de prise d’otages et de fabrication de dynamite sont tellement représentatifs de la culture de la guerilla. Ce sont peut-être des caractéristiques ataviques et congénitales.
Le plus triste est ce passage où l’on voit les petits enfants parlant de leur pays, de l’Algérie et du passé de leurs grands-parents. Le cas des Harkis est un exemple frappant du déracinement.