John Carpenter est pour moi un des rares artisans (connus) du cinéma américain, un cinéaste humble et un honnête homme. Le contraire du « m’as-tu-vu » pour festivals friqués. C’est du moins comme çà que je le perçois.
Je voudrais souligner un aspect de son oeuvre qui me paraît tout aussi important que la subversion politique - et du reste non contradictoire : c’est l’exploration des effets du vide intérieur sur l’être humain : vide affectif, moral, culturel et spirituel.
Dès « Assaut », remake moderne et assumé du « Rio Bravo » de Howard Hawks, on est frappé par le nihilisme des assaillants du commissariat.
Ce sont des combattants jusqu’au-boutistes, non par conviction intérieure, mais précisément par manque d’intériorité.
D’une intelligence collective et froide, détachée de l’humain.
La scène où l’un de ces zombies modernes tue une petite fille sans même la regarder vaut tout un discours de ce point de vue.
A l’opposé, les résistants à cet assaut, flic ou prisonniers, sont porteurs de valeurs hautement respectables (solidarité, confiance, sens des responsabilités, respect de la parole donnée...).
Même vide intérieur chez les êtres insignifiants qui entourent l’Eglise dans « Le Prince des Ténèbres ».
Le Malin, temporairement enfermé dans un étrange cylindre vert, aura tôt fait d’investir leur corps qui n’abrite en temps ordinaire qu’une âme chétive traversant sans réagir une existence banale.
Le tueur masqué d’« Halloween » me semble obéir à la même loi : la nature a horreur du vide, et le Mal apprécie tout particulièrement les humains "inanimés" au sens éthymologique du terme, devenant en quelque sorte "colocataire" de leur enveloppe physique.
Bref, je crois qu’à sa manière, plus ou moins consciemment, Carpenter a abordé - au moins dans ces trois films - la prééminence du Mal chez les êtres aculturés, sans racines, non structurés dans leur personnalité et leurs valeurs, sans vie spirituelle.
Pour finir, je possède le DVD d’« Assaut », et je dois dire ma tristesse de ne pas voir ce film bénéficier d’une remasterisation qui me paraît indispensable, tant l’image est abîmée.
C’est mon film préféré ! Et puis, un long métrage dont le générique annonce un montage par « John T. Chance » (clin d’oeil de Carpenter au nom du personnage joué par John Wayne dans « Rio Bravo »), ce n’est tout-de-même pas banal !
Voilà, j’ai terminé ! Salut à tous !