Italie : Mario Monti reconnaît avoir aggravé la récession mais pour le bien du pays
12 septembre 2012 20:58, par Antoine Bruna@JhonJhon
Excuse-moi de te contredire mais j’habite l’Italie depuis maintenant 16 ans et ton commentaire ne prend pas en compte l’importance de la culture italienne dans sa construction économique, son parcours historique national et la réaction inévitable de la mondialisation.
Il se trouve que l’Italie n’est absolument pas un cadavre qu’il faudrait "purger" mais fonctionne fondamentalement de manière opposée économiquement à la logique mondialiste.
L’Italie n’a pas d’identité nationale comme nous l’avons en France, lorsque deux italiens se rencontrent pour la première fois une des questions qu’ils se posent avec "ton nom ?" c’est "tu viens d’où" ; la réponse est du type "milan", "rome", "naples", ou bien "sicile", "puglia", "calabria". Il y a une véritable identité racine régionale dans ce pays.
Ceci, conjugué avec une culture majoritairement individualiste depuis la deconstruction du sentiment d’appartenance catholique au profit d’une nationalité italienne avortée, cause un entreuprenariat familial, avec des implantations locales qui emploient des personnes locales, un capitalisme véritablement sédentaire et productif.
L’introduction dans l’économie des banques internationales, la financiarisation de l’Italie a peu à peu déconstruit la base de l’industrie italienne. L’agriculture souffre évidemment comme dans tous les pays occidentaux mais cela a aggravé la situation du Sud où les gens en vivaient essentiellement.
La mondialisation a permis aux organisations mafieuses de s’expandre dévenant de plus en plus puissantes, creusant de plus en plus le fossé nord-sud.
Monti, c’est la crème de la crème, ancien recteur de la Bocconi, business school milanaise d’où sortent les pires néolibéraux de toute l’Italie, (je sais de quoi je parle, j’y ai souffert trois ans), ex-goldman sachs, vient saigner le peuple italien qui a le plus bas déficit privé d’Europe, ce qui veut dire que les italiens sont de bons épargnants, sur imprécation de crise fiscale, tout en expliquant dans les cours de son université que les causes de la crise ne sont pas fiscales (cours d’European Economic Policy).
Il a raison sur une chose : c’est un problème structurel. Mais pour Monti c’est la structure du peuple italien qu’il faut détruire pour son projet orwellien surtout pas la structure du capitalisme financier mondialisé.
Le génie italien existe et est extatique, il transcende le pouvoir temporel d’où son "danger".
Je présente mes excuses pour ce message trop long.