Le « mariage pour tous » : une supercherie
22 novembre 2012 15:41, par ErdovalL’Eglise catholique est très mal placée pour argumenter contre le mariage civil des couples homosexuels. Et elle le fait d’ailleurs très mal. Il sufit pour être opposé à ce projet de s’en tenir à des arguments purement juridiques. C’est mon cas : pas besoin de mariage pour conférer aux personnes homosexuelles les mêmes droits patrimoniaux ; il suffit de réformer le PACS. Quant à l’adoption c’est un autre sujet, qui comme la procréation médicalement assistée doit être traitée à part dans un projet de modification de la loi sur l’adoption : dans ce cadre on pourrait bien avoir plusieurs parents adoptifs, mais pas plusieurs pères ou plusieurs mères, pas plus que dans le mariage d’ailleurs. La supercherie dénoncée par l’auteur de l’article repose essentiellement sur un sophisme : la réforme nous est présentée au nom d’un principe supérieur républicain qui est celui de l’égalité : et sur cette base on veut nous faire avaler l’absurde, l’égalité homme/femme y compris sur le plan biologique. Il s’agit d’une véritable connerie qui débouche en outre sur une monstruosité juridique. Je ne résiste pas à partager les observations de Michel Serres sur le sujet :"Cette question du mariage gay m’intéresse en raison de la réponse qu’y apporte la hiérarchie ecclésiale. Depuis le 1er siècle après Jésus-Christ, le modèle familial, c’est celui de l’Eglise, c’est la Sainte Famille. Mais, examinons la Sainte Famille. Dans la Sainte Famille, le père n’est pas le père : Joseph n’est pas le père de Jésus, le fils n’est pas le fils : Jésus est le fils de Dieu, pas de Joseph. Joseph, lui, n’a jamais fait l’amour avec sa femme. Quant à la mère, elle est bien la mère mais elle est vierge. La Sainte Famille, c’est ce que Levi-Strauss appellerait la structure élémentaire de la parenté. Une structure qui rompt complètement avec la généalogie antique, basée jusque-là sur la filiation : la filiation naturelle, la reconnaissance de paternité et l’adoption. Dans la Sainte Famille, on fait l’impasse tout à la fois sur la filiation naturelle et sur la reconnaissance pour ne garder que l’adoption. L’Eglise, donc, depuis l’Evangile selon Saint-Luc, pose comme modèle de la famille une structure élémentaire fondée sur l’adoption : il ne s’agit plus d’enfanter mais de se choisir. A tel point que nous ne sommes parents, vous ne serez jamais parents, père et mère, que si vous dites à votre enfant "je t’ai choisi", "je t’adopte car je t’aime", "c’est toi que j’ai voulu". Et réciproquement : l’enfant chois