Témoignage d’un Français ayant choisi de devenir russe
24 janvier 2013 17:10, par Ivan DurakJe vis à Moscou depuis presque une décennie.
Xavier Faure est plutôt réaliste, même si la libéralisation de Moscou, et la corruption des mœurs qui en découle, est bien plus avancée qu’il ne le pense. Les conditions durant les années 90 ont catalysés les éléments de corruption et de décadence qui étaient déjà présents dans les capitales Russes depuis l’époque de Lénine. En gros : beaucoup de prostitution, énormément de corruption (grande et petite), beaucoup de consumérisme "pouffiasse", et c’est la loi du plus fort dés qu’on s’approche de la bourgeoisie ou que l’on monte l’échelle sociale. La consommation d’ostentation est un élément déterminant du prestige social, qui est vital en Russie. Ce besoin de prestige social peut-être tracé dans la rupture abrupte de la population Russe de ses racines paysannes dans les années 20 et 30. C’était "étudie ou crève". Les diplômes prestigieux permettaient de mettre une famille à l’abri. Un genre de méritocratie à la Chinoise.
De plus, la "boboitude" se développe très rapidement même si elle reste quelque-part en contradiction avec la culture Russe dominante. Les "bobo" se considèrent plus éduqués et plus intelligents que les Russes "traditionnels", que ce derniers soient issus de couches populaires ou de la nouvelle bourgeoisie. Les Russes "traditionnels" ont un léger mépris pour ces bobos, mais comme ils sont également plutôt matérialistes et consuméristes, la transition est en cours. Bref : pas de combat entre les "tapettes" et les "bourrins".
Il faut également rappeler que vivre en Russie n’est pas une sinécure. Les problèmes quotidiens sont lassant, et le prix à payer pour se sentir libre est qu’il n’y a pas de filet social d’aucune sorte, à part l’entraide. Au fond, le paradigme "marche ou crève" est renforcé par l’absence d’état providence. On pourrait dire que l’économie et la société Russe sont, par cet aspect, beaucoup plus libérales qu’en France.
A part ça : les gens peuvent être incroyablement accueillants, les femmes sont belles, la bouffe s’améliore, l’économie est stable, les Russes sont débrouillards et souvent intelligents. La féminisation s’opère évidemment dans les couches bobo des grandes villes, mais même le demie-tapette Russe la plus poltronne mettrait un pain dans la gueule de quelqu’un qui le cherche. La fierté et la masculinité restent encore importants.
Il ne manque plus que des croissants, du camembert et du bon vin abordables pour rendre le pays super vivable.