Le corps de Chavez sera embaumé pour l’éternité
8 mars 2013 15:27, par GotfriedAttention, il y a embaumement et embaumement. Il faut savoir que les pratiques de conservations des corps (thanatopraxie) sont aujourd’hui assez courantes dans les pays développés, bien que le régime juridique soit très variable. La plupart du temps, il s’agit principalement d’une injection de formol par le biais du système circulatoire sanguin, qui se répand ainsi dans tous les tissus. Selon le dosage, on obtient peut obtenir un résultat allant de la simple désinfection à la conservation. Dans tous les cas, la décomposition est fortement ralentie, voire empêchée (le corps a le temps de se déshydrater, ne laissant plus qu’une "momie" toute sèche mais ayant encore parfaitement forme humaine). C’est une pratique généralement tolérée par les diverses religions.
Mais cette forme d’embaumement de foire visant à conserver l’aspect exact du défunt pour des dizaines d’années est fondamentalement différent. Ce phénomène a parfois lieu naturellement (ou surnaturellement), et c’est même un signe "classique" de sainteté pour les fidèles (l’Eglise est toujours un peu réticente à se baser sur ce genre de phénomène spectaculaire). Mais provoquer cette conservation de toute pièce est assez sordide. D’une part, en cas de réelle incorruptibilité (sur)naturelle, elle ne pourrait jamais se manifester (alors que ça reste quand même, jusque dans l’inconscient de incroyants, un beau signe de pureté), mais c’est envisager la mort comme un spectacle, un grand homme à grand charisme, grand courage et grandes idées comme la carcasse charnelle qui habita cette noble âme, et créer artificiellement une relique autour de laquelle peut se développer un culte très douteux.
Comme d’autres on dit, si Chavez doit vivre, ce doit être dans nos coeurs, qui se fortifieront d’autant plus que sa dépouille aura été retirée à notre vue. Ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, de l’embaumer pour d’éventuelles analyses ultérieures, notamment quand à l’origine de son cancer. Mais si l’âme a rejoint le Père, le corps, lui, doit retourner, au moins symboliquement, à la terre, comme le véhicule périssable et transitoire qu’il est pour l’âme éternelle. Il reste ses écrits, ses discours, et les millions de témoignages de gens dont il a transformé le quotidien, faisant son possible pour les sortir de la misère et réellement rendre hommage à la dignité de la personne humaine, comme le prescrit l’Eglise. Quelques dizaines de kilos d’os et de chair ne sont que des restes bien dérisoires de ce grand homme.