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27 mars 2013 15:41, par carterLe fait que Hitler ait développé une « troisième voie » économique fait de planification, de grands travaux et de keynésiannisme avant l’heure n’a rien d’étonnant. Il a tout simplement repompé les idées de son adversaire socialiste Eduard Berstein qui lui-même les tenaient d’un socialiste belge qui n’eut guère écho chez ses semblables à son époque…
En fait, le planisme est l’œuvre du socialiste belge Henri de Man. Dès 1920, il dresse un bilan d’une étonnante fulgurance sur les timides évolutions économiques qui sont à peine perceptibles à son époque : en modifiant le rapport salariat/ patronat en leur avantage, le syndicalisme a augmenté la masse salariale. L’effet est que, contrairement à ce qu’aurait pu craindre le patronat, cela n’a pas pénalisé les profits ; car les patrons ont eu de nouveaux débouchés à exploiter. Les salariés, mieux payés, stimulaient ce que Keynes appellera plus tard « la demande agrégée » Du coup, on peut conceptualiser un apaisement du conflit patronat/salariat en proposant un dépassement par le haut à même de pacifier toute les couches sociales d’une même nation. Le keynesianisme et la préférence nationale avant l’heure. Il en conclut naturellement que patrons et salariés peuvent faire front commun contre la concurrence étrangère et que l’on peut concevoir une solidarité nationale plutôt qu’une lutte des classes stérile.
Il réitère ses idées au congrès du parti socialiste autrichien de 1932 et propose, pour surmonter la crise de 1929 qui balaye les économies nationales, une planification afin de réorganiser la sphère économico-sociale vers les intérêts du plus grand nombre. Vous n’allez peut être pas le croire ; mais cela fit un tollé général ! Personne n’en voulait car, dans les colloques socialistes influencés par l’idée d’une révolution à la Marx (donc un brin sanglante) ; l’idée d’un pacte salariat/patronat pour les intérêts de la Nation est vue comme un ignoble blasphème …Mais Berstein, présent, tendit l’oreille à cette musique qui lui parut finalement pas si désagréable…De retour en Allemagne, il plaide pour l’idée. Un de ses adversaires, un certain Hitler, l’écouta à son tour et trouve l’idée pas « idiot » (prononcer avec un fort accent allemand)…
Voilà comment Hitler eut ces concepts en tête…Vous pouvez lire « Une histoire du socialisme » de Gaétan Gorce pour découvrir l’étrange cheminement de ces idées.