Excellent article. Ajoutons tout de même quelques réalités peu connues. D’abord, les généraux se cooptent, en quelque sorte, entre eux selon un processus à trois tour à la fois archaïque et parfaitement occulte. Retenons qu’accéder à la "piste au étoile" implique obligatoirement de plaire à tout ce petit monde. La moindre animosité vaut condamnation. Ce processus donne lieu à la fameuse "liste" qui sort en décembre qui n’existe pas. Elle est ensuite validée par le pouvoir politique et c’est là qu’une autre magouilleuse entre en ligne de compte pour imposer qui un petit copain, qui un coreligionnaire ou autre. La liste devient alors "la liste de la honte". Ainsi va la république irréprochable.
Mais il est un autre phénomène plus grave. Par la force des choses et du fait de l’étroitesse du bassin de recrutement, celui qui n’est pas ultra catho n’a strictement aucune chance d’accéder au généralat sauf à appartenir à une chapelle plus puissante au plan nationale. Inutile donc d’aller chercher le moindre mérite ni la moindre compétence dans ce petit monde.
Certes, comme le dit bien l’article, le carriérisme l’emporte largement sur toute velléité politique. D’ailleurs l’armée ne suivra jamais un mouvement de révolte. Mais tout de même, à ce stade de monoculture, à un tel niveau et pour une telle institution, il est sûr que les ennemis de la gueuse y pullulent, au moins dans les propos de popote et pour éliminer qui n’en est pas.
Ceci pose tout de même une question sur la "républicanité" de l’armée et il ne faut pas oublier les leçons de l’histoire : ce sont les militaire qui ont tordu le bras des politiques pour imposer l’armistice de 40 parce que juridiquement une telle option exonère l’armée de ses responsabilités alors qu’une capitulation laissait le pouvoir libre de continuer le combat en Afrique du nord, conformément à l’accord passé avec les Britanniques. C’est bien le général weygand qui aurait alors déclarer : "j’espère que les Allemand me laisseront assez de force pour étrangler la gueuse". C’est aussi pétain, seul parmi les maréchaux de 1918 à avoir la réputation d’être républicain qui va liquider la République Française. Les deux, et bien d’autres, étaient déjà de fervents catholiques. Quand l’histoire passe les plats à ce genre d’individus, le pays paye donc très cher. Dernier point, tous les généraux "serrent très fort les fesses" en priant que la réforme des retraites qui se profilent épargne la leur.
Vous avez dit service de la nation ?