Des poubelles près d’un monument dédié à un héros de la Grande Guerre
31 juillet 2013 15:14, par MG 42Les blancs ils la verront même pas la Paix de la France en morceaux...
De l’Ariège à la rue Lappe, de Billancourt à Trégastel on emmènera tout !... Boudins !...
Vous passerez tous dans la farce ! Olivet ! Dufour ! Bidart !... Dudule et grand Lulu !... et
la Gencive ! et le Tondu !... Keriben et Vandenput... vous verrez pas ça !... Vous y
verrez qu’un nuage de sang et puis vous serez morts !... éclatés !... tout écartelés
vivants... le long des trois fronts... Dans un entonnoir vous laisserez à tremper vos
tripes... dans l’autre vous tournerez la soupe, le grand rata des gadouilles avec vos
moignons... vos poumons sortis, travaillés en franges, translucides, feront de la
broderie dans les fils de fer... Ça sera pas beau ? Déjà pour vous marrer le dimanche
allez donc ajouter vos noms sur le Monument aux morts, celui de votre paroisse... Ça
vous fera un but de promenade avec la famille... Comme ça on vous oubliera pas...
tout à fait... Occupez-vous-en dès demain... Ainsi gravés dans le marbre, vous
pourrez partir tranquilles, l’esprit plus libre. C’est même le seul endroit, ce marbre, de
nos jours, que [...] essayent pas de truster... Vous serez là, entre frères de race, je
vous le garantis... Vous trouverez pas beaucoup de [...] sur les Monuments de
la dernière... les monuments de vos morts... nos pissotières à fantômes, nos dolmens
pour cons dociles, pour nos cadavres super cocus... ils disent pourtant bien notre
passé, nos infects "monuments aux morts"... notre présent, tout notre avenir... On les
regarde pas d’assez près, jamais d’assez près, je trouve, ces méridiens de notre
chance... Tout est pourtant bien nettement écrit dessus... dans le granit et dans le
marbre.
Cette fois l’occasion est splendide, jamais si magnifique riflette ne fut offerte aux
hordes paumées, une étendue extraordinaire pour rendre leurs âmes éperdument ! Du
renfrogné Dunkerque au sémillant Biarritz !... Tous les goûts ! Que d’espace pour nos
écumoirs !... Il va falloir drôlement qu’on fouille, trifouille les Recrutements pour
garnir tout ça d’effectifs !... qu’on racle, qu’on ratisse à fond qu’on expurge les
moindres crevasses du terroir, qu’on déterge les moindres fissures où l’indigène peut
se planquer... Ah ! Ah ! Laridoire, vous frétillez mon pote ! Vous gambadez déjà ! Vous
aimez les cocardes je vois ! Vous exultez de bigornes ! Attends un peu, ma petite
ficelle ! Mais je vous trouve, mon garçon, pâle du fascicule !... C’est un grand médecin
qui vous cause ! Je vous sens déjà "disparu"...