Avec 37 meurtres, la Guadeloupe détient le record national d’homicide
27 septembre 2013 12:52, par michelleMesurer la casse
Deux études ont certes été réalisées par l’Inserm en 2010 et 2012, l’une sur le cancer de la prostate, établissant un surrisque, et l’autre sur les effets de l’exposition in utero des enfants, révélant la fréquence des retards psychomoteurs. Mais " quid des effets cocktails avec d’autres pesticides et de l’incidence des autres cancers ?", se demande Josiane Josepelage, présidente de l’Association médicale pour la sauvegarde de l’environnement et de la santé (Amses). De même, aucune étude n’est à ce jour disponible sur l’impact économique de cet empoisonnement. "On s’est interdit de mesurer la casse, estime Nicolas Diaz, du Comité régional des pêches maritimes et des éleveurs marins de Guadeloupe, afin de ne pas donner prise à des demandes de préjudice."
Les deux plans chlordécone de 2008-2010 et 2011-2013 ont été dotés respectivement d’un budget de 33 millions et 31 millions d’euros - soit 0,03 % du produit intérieur brut de la Guadeloupe ou de la Martinique. Environ un tiers était destiné à l’accompagnement des agriculteurs, pêcheurs et aquaculteurs pour s’adapter ou se reconvertir. Mais, comme le rappelle Eric Godard, ingénieur du ministère de la Santé qui fut chargé de mission interrégional sur ces deux plans, "les dossiers de demande d’aides sont complexes à remplir pour les petits producteurs". Et la situation de ces derniers est d’autant plus difficile à régler que "leur assise financière est précaire" et que les "pressions sur le foncier sont déjà importantes en Guadeloupe et en Martinique". De même, les productions informelles et l’autoconsommation de légumes et de produits de la mer restent développées aux Antilles, en particulier dans les familles les plus modestes.
Globalement, les difficultés de ces îles, déjà importantes, s’en sont trouvées accrues : chômage, conflits d’usage pour les sols et l’accès à la mer, dépendance alimentaire accentuée vis-à-vis de l’extérieur.
Paradoxalement, le secteur bananier parvient à mieux tirer son épingle du jeu avec le "plan banane durable", signé par le groupement des producteurs de bananes (Ugpan) et les pouvoirs publics. Mais l’épandage aérien de pesticides se poursuit dans les bananeraies