Marion Sigaut sur l’état de l’école
2 décembre 2013 17:50, par CassandreJ’approuve tout à fait cet état des lieux dramatique de l’école brossé par Marion.
Cependant, j’ajouterai que l’école d’il y a trente ans avait déjà bien des défauts. On ne peut pas dire par exemple qu’on y cultivait le beau. Et j’ajouterai que ce n’est pas seulement l’école qui ne cultive pas le beau, mais toute la société dans son ensemble. Il n’y a qu’à regarder les immeubles bâtis au XXème siècle, comme la plupart des écoles d’ailleurs et l’art moderne. Mais là où ça me choque le plus, et ce surtout depuis que j’ai eu des enfants, c’est dans l’industrie du jouet, les livres ou les medias pour les enfants. Combien de fois ne me suis-je pas exprimer : mais quelle horreur ! Tant au niveau du goût, des couleurs pétantes, de la disharmonie des tons et des formes, des matières proposées, rien n’est fait pour développé la sensibilité de l’enfant au beau.
C’est une des raisons pour laquelle, j’ai scolarisé mes deux premiers enfants dans une école Rudolf Steiner. Et là, j’ai pu voir et apprendre comment on éveille la sensibilité d’un jeune enfant au beau. Les enfants apprennent à mélanger les couleurs avec de la peinture à l’eau, en passant du jaune au rouge par exemple avec tous les degrés intermédiaires, ou du rouge au bleu , etc... Bref, on donne la possibilité à l’enfant de s’immerger dans le monde des couleurs, ce que je n’ai jamais appris à l’école. Bien sûr, j’ai fait de la peinture à l’école, mais les couleurs étaient souvent criardes, déjà toutes prêtes et on les juxtaposaient sans goût les unes à côté des autres. Les mélanges j’en ai fait que dans les grandes classes et seulement sur le couvercle de ma boîte à peinture.
Ce qu’on fait à l’école publique du point de vue du beau, c’est quasi nul. Dans les écoles Steiner, tous les cahiers sont soignés, décorés et enluminés, et les titres souvent calligraphiés. Le beau doit être partout présent. On ne bombarde pas les enfants avec des photocopies qui ont vite fait de passer à la poubelle. Les cahiers d’exercices imprimés où l’enfant n’a qu’à remplir avec le mot approprié, ou cocher la bonne case ou entourer le bon truc, ce genre de conditionnement est tout simplement banni des écoles Steiner, où par contre on tente de cultiver le beau, le bien et le vrai. Je dis tenter, parce qu’il ne faut pas oublier que les élèves qui fréquentent ces écoles, sont aussi insérés dans notre société, avec tous ses défauts : la TV, les jeux vidéos, la pub omniprésente qui elle aussi véhicule des valeurs souvent bien moches.