René Guénon : une politique de l’esprit
2 janvier 2014 19:52, par QuerquetuRené Guénon rappelle que Frithjof Schuon (son proche collaborateur avant leur clash) connaissait « le Christianisme beaucoup mieux que lui », cf. Jean Reyor (son plus proche collaborateur) dans, Quelques souvenirs sur René Guénon. Ce dernier connaissait donc ses limites, en dépit de ce que certains ont du mal à admettre !
Dans le Christianisme scripturaire et apostolique il n’y a rien qui puisse justifier l’existence d’un christianisme secret ou « occulte ». Le Christ a tout dévoilé ; sa doctrine est vérifiable, comme l’a fait Saint-Thomas, en connaissance, Vérité et Grâce fusionnent.
Une étude approfondie (scripturaires, apostoliques et autres) à propos de la question de l’ésotérisme chrétien a été conduite par Jean Borella, l’Ésotérisme guénonien et mystère chrétien ; il conclue « qu’il n’y a qu’une Église ». Mais si ce n’est pas le Christianisme qui, par ses textes ou par son organisation, aurait pu engendrer cette idée purement anticatholique de l’existence d’un enseignement privé réservé aux « élus », la réponse est ailleurs. Les mots « ésotérisme » et « occultisme » sont en fait des substantifs néologiques apparus au XIXe siècle à partir de simples adjectifs. Ce passepasse de mots n’est pas innocent, on passe du particulier au général ou bien on arrive au concept intangible. Le mot « initiation » au XVIIIe n’avait pas la même signification que de nos jours. En 1717, date officielle de la fondation de la Franc-Maçonnerie, son promoteur James Anderson écrivait dans les Constitutions que les « maçons se soumettent à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d’accords ». Soulignons qu’Anderson parle de « religion » et non d’« initiation » ! En fait, initiation signifie « commencement » ou « entrer dans la voie ». Ainsi, le mot « initium » s’appliquait autre fois également au baptême chrétien. Un glissement sémantique peut influer le regard intellectuel… L’ambiance intellectuelle et occultiste du XIXe siècle a sûrement influencé la pensée de Guénon, mais l’occasion pour lui d’affirmer l’existence d’un ésotérisme chrétien primitif lui a été offerte par l’Islam, comme il le dit lui-même : « On peut en trouver une confirmation dans le fait que la tradition islamique considère le Christianisme primitif comme ayant été proprement une tarîqah, c’est-à-dire en somme une voie initiatique, et non une shariyah » : Aperçus sur l’ésotérisme chrétien, ch. II « Christianisme et initiation ». C’est l’Islam qui sert de référence...