Michéa face à la stratégie Godwin
31 janvier 2014 20:40, par DécentPersonne ne sait d’où Michéa est sorti ! C’est un penseur qui n’aime guère s’exposer, ou se faire admirer. Il préfère se promener au soleil à de fausses discussions, avec des gens faux. Sachant de quoi il parle, il taquine rudement l’Ignorance en tant que maître qui préfère sa classe de Terminale à la promotion universitaire. Parlant des pauvres et des laissés-pour-compte, il s’appuie sur un patrimoine familial et une expérience directe du militantisme débilitant. Tout le contraire de l’"intellectuel" enragé de paraître, assoiffé de pouvoir, de ce qu’il appelle la "société hermétique" (Hermès est le dieu des voleurs, des marchands et de la communication, chez les Grecs anciens) ! Quand on est incapable d’humour, de saine ironie, il faut s’abstenir de lire Michéa. J. Julliard, dans sa somme, lui reconnaît l’"immense mérite" de signaler, si je puis dire, les schismes jous-jacents ou éclatants de la gauche. Mais comme si la maladie était bénigne ! A défaut donc de le récupérer, comme une sorte de roue de secours dont la gauche pourrait se servir en temps de panne (hélas ! Michéa a bel et bien démontré qu’il n’a pas sa place sur le "ruban de Möbius...), on voudrait le jeter comme un vulgaire poison ! Le Point se trompe sur un point, qui n’est pas mince : Michéa est l’anti-lion providentiel. Se souvenir de cette bestiole qui, en quelques coups de dent, emporte l’ouvrage qu’un lion rugissant ne parvient pas à dénouer... Le bon, beau et gauche roi de la forêt est bien attrapé. Le coup de filet qui s’est abattu sous les Inrockuptibles, Libé, sous bien d’autres titres, tribunes, médias, sur un tas de gens que Michéa dit "aliénés" (il a le courage des gens décents et n’a pas peur de déplaire à saint Althusser, à son Altesse Negri, à Messeigneurs Badiou, Foucault, Deleuze...), notre amateur de foot sans prétention le déjoue avec doigté. On lui en veut d’être un esprit libre qui ne pille pas ses sources. 1/Avec Orwell, il met la common decency là où Descartes mettait le "bon sens". Il faut commencer par là, sinon on triche. 2/Grâce à M. Mauss, il approfondit Orwell, sur des bases anthropologiques que seuls les ignorants ont le front de contester. 3/Avec ses amis du MAUSS, il lance une alerte :à force de produire de l’illimité avec du limité (c’est vital pour la croissance), on détruit la vie (sous toutes formes). Or c’est plus percutant et subtil sous sa plume. Des critiques sont possibles, pas celles dont on le gratifie honteusement à Droite et à Gauche.