Superbe message, qui me touche profondément à plusieurs titre.
1) En tant que descendant, moi aussi (du côté de ma mère), de colons de Madagascar, qui est peut-être l’antithèse de l’Algérie dans l’aventure coloniale du XIX e et XXe s : très peu de colons (très peu de Malgache "de souche" aussi), et une "ambiance" qui, à travers tous les actes et récits familiaux, ressemble plus à la colonisation "à l’ancienne" datant de "l’Ancien Régime". A titre d’exemple, j’ai appris récemment que, lors de l’indépendance subie de Madagascar (en 1960), mon arrière-grand-mère avait décidé de rester à Madagascar, laissant TOUTE sa famille être rapatriée, lors d’un adieu définitif... visiblement, aucune peur des "autochtones revenchard"... . Autre exemple : encore aujourd’hui, il existe un rendez-vous biannuel (je crois) des anciens "Malgaches" ... entendez par là : Français originaires de Madagascar, Malgaches "expatriés" ; et entre les deux : pléthores de "métisses" (souvent au physique très avantageux, d’ailleurs, ... )
2) En tant qu’historien, "passionné" (dans la mesure du temps disponible maintenant que je suis prof) par l’histoire de l’Amérique latine, et donc fatalement aussi par l’histoire de la colonisation de l’Amérique du nord. A ce titre, je tiens à vous signaler un auteur qui malheureusement ne figure pas dans votre bibliographie (d’autant plus qu’il est lyonnais !), et qui moi m’avais beaucoup marqué pendant mes études : Philippe Jacquin. C’est une lecture qui est d’autant plus intéressante pour vous qu’elle émane d’un "marxiste convaincu", et qui pourtant vous confirmera nombre de vos arguments. Ex (de mémoire, excusez les approximations) : il semblerait bien, d’après ses ouvrages, que le gouverneur français de l’époque (XVIIe ou XVIIIe ) ait été baptisé d’un surnom qui m’échappe, mais qui signifiait "Le grand justicier". Autrement dit, les Français se sont imposés en Amérique du nord très peu par la force ou le nombre (ce qui leur a été fatal lors de la guerre de Sept Ans), mais par leur sens de la mesure et de l’équilibre qui leur valait une réputation de "roi Salomon", en quelque sorte... j’ai toujours pensé, pour ma part, qu’il y avait là une faculté spécifique aux Français (faculté dont les racines sont à trouver dans la culture humaniste chrétienne), qui se retrouve (ou plutôt, malheureusement), "se retrouvait") dans l’importance diplomatique que la France a eu par la suite (un certain sens de la Justice, de l’arbitrage, acceptable par tous)