Le moment où je me suis reconnu : "[...] là où tout n’était que chaos inintelligible, vous avez apporté la cohérence et une vision extrêmement structurée, bien qu’angoissante". C’est surtout "angoissant" qui m’a plu :)
Sans avoir la culture, ni les lectures de D. Chiaverini, je doute cependant, dans un esprit fataliste, sinon cynique, de realpolitik, que le royaume de France puis la république française aient conservé longtemps cette politique, somme toute très angélique, envers les peuples américains pris ici comme exemple, puisque spécialité d’un récent article de l’auteur de la lettre.
À l’inverse, j’imagine volontiers, dans une réalité parallèle où la France, par exemple, n’aurait pas vendu la Louisiane en 1804 aux jeunes États-Unis et aurait grassement subventionné la colonisation outre-atlantique au Québec comme en Amérique, une colonie qui, au fur et à mesure qu’elle sent croître sa force économique, ses appuis métropolitains et sa puissance de feu, n’aurait pas tardé à vouloir "libérer" les peuples précédemment frères au détriment de leurs territoire et des matières premières qu’il recèlent.
Le Code Noir, sous Louis XIV, n’a pas été très fraternel pour la main-d’oeuvre africaine exportée aux Antilles, etc. (Mais c’est vrai que D. Chiaverini centre son propos sur les autochtones américains).
L’histoire de nos DOM-TOM, celle d’Haïti, de Madagascar, du Maghreb, de la Françafrique en témoignent suffisamment jusqu’à hier - à mes yeux tout du moins.
C’est une question très complexe et douloureuse car le développement de notre pays, sa richesse actuelle, s’est aussi nourri de l’exploitation de ces territoires dominés et/ou colonisés, sans souci d’une relation de véritable réciprocité (ce qu’évoque quand même D. Chiaverini).
Enfin, pour moi-même, je ne peux que noter depuis à peu près les 20 années passées à m’intéresser à la politique de mon pays, l’abîme toujours grandissant qui le sépare de sa devise révolutionnaire, que j’affectionne.