Accord à Genève sur des étapes pour une désescalade en Ukraine
18 avril 2014 02:49, par ApocrypheLavrov est un très grand diplomate, mais justement il est trop honnête et respectueux du droit sur ce coup-là, car à première vue il vient de se faire avoir en beauté par Kerry, en acceptant trop de concessions, et en lâchant les courageux russophones d’Ukraine qui avaient virilement pris leur destin en main, avec l’espoir du soutien de la Russie.
J’imagine la déception du côté de ces russophones d’Ukraine. Ils ont pris les armes dans l’idée de se défendre, et désormais la Russie parle de les désarmer, mais avec quelles contreparties en face ? Théoriquement cela semble une solution juste de désarmer les parties, mais encore faudrait-il que ceux de l’ouest désarment réellement, or il n’en sera rien puisqu’ils ont le pouvoir à Kiev, et que leurs forces armées ne sont donc pas considérés comme "irrégulières".
La Garde Nationale Ukrainienne, si j’ai bien suivi, est composée de combattants du Maïdan, donc de pas mal de Galiciens, et sans doute de très peu de russes ethniques. En quoi dès lors est-elle nationale et représentative de toute l’Ukraine ? A Kiev il y a toujours au pouvoir des ultra-nationalistes de l’ouest, anti-russes rabiques, et quelles garanties a-t-on quand à cette prétendue amnistie envers ceux qui ont pris les armes à l’est ? Ceux de l’ouest voudront se venger, eux qui parlaient de "liquider" les séparatistes. Ils ont déjà tué, et continueront à le faire, ou tout au moins il enverront les séparatistes derrière les barreaux dès qu’ils le pourront.
La Russie a déjà fait l’erreur de rendre les blindés de Crimée à l’Ukraine, qui s’en est aussitôt servi pour aller tuer des "terroristes". Si elle désarme les gens de l’est, elle les livre sans défense aux nazis de l’ouest. Le préalable principal à un accord de ce genre aurait dû être d’exiger le départ des antirusses du gouvernement provisoire de Kiev.
Poutine n’est pas né de la dernière pluie, donc s’il a donné mandat à Lavrov pour négocier cet accord, c’est qu’il a jugé que la Russie devait apparaître irréprochable, et il a donc choisi de prendre le risque de lâcher les séparatistes, quitte à les mettre en danger. Faisant cela il fait un sacrifice douloureux, mais il espère pousser ainsi les nazis à la faute, car si ceux-ci ne respectent pas l’esprit et la lettre de l’accord (et pour sûr ils ne le feront pas, fanatisme oblige), la Russie sera alors en droit d’intervenir pour tromperie aggravée, et l’Occident sera obligé de lâcher les nazis et de désavouer ce gouvernement fantoche à Kiev.