Erdogan remporte l’élection présidentielle dès le premier tour
11 août 2014 14:37, par Nihil Sine SoleSi je n’étais pas si déçue par les résultats – pourtant attendus, mais non moins désespérants – de cette « élection », je pense que j’aurais matière à rire aujourd’hui, vu le nombre d’inepties que je lis çà et là sur le sujet. Notamment de la part de la diaspora turque de France, jamais la dernière à se fourvoyer auprès de tyrans sous les régimes desquels elle ne pourrait même pas vivre 5 minutes. Quel confort que celui que procure la critique à des milliers de kilomètres du front… ! Qu’ils viennent un peu y vivre dans la Turquie d’Erdogan ces nostalgiques de l’empire ottoman, ils seront surpris d’y découvrir que même au sein dudit empire, les minorités religieuses et ethniques étaient moins ostracisées que dans la Turquie d’aujourd’hui. Depuis 12 ans, cet homme n’a eu de cesse de diviser son peuple pour mieux régner. Au début, ses attaques visaient essentiellement les éléments « exogènes » (dont je fais partie) de la société, mais il s’est ensuite assez vite débarrassé des quelques derniers scrupules que la communauté internationale lui imposait de feindre pour montrer son vrai visage et s’employer à polariser les Musulmans du pays eux-mêmes. Désormais, nul salut pour quiconque aurait l’outrecuidance de ne pas être sunnite, ce qui est bien dommage dans un pays où la minorité alévie était justement la plus laïque et la plus soluble dans la démocratie. Hélas, il n’y a jamais eu de véritable opposition face à cet opportuniste, car s’il est quelque chose que l’on peut reprocher au CHP (parti kémaliste) comme au MHP (parti nationaliste), c’est bien d’avoir déserté l’arène politique. Il n’y a qu’à voir le candidat commun, sans odeur ni saveur, qu’ils ont osé présenter face au rouleau-compresseur Erdogan. Il n’avait aucune chance ! Souhaitons juste à présent que le sunnisme façon Erdogan (qui est ni plus ni moins l’appellation politiquement correcte du Wahabisme) ne s’impose pas dans les années à venir comme un nouveau sionisme.