Conférence d’Alain Jakubowicz à l’Université Lyon III : le compte-rendu d’E&R Rhône-Alpes
25 octobre 2014 18:48, par MEIERSEn fait il y a un moment fort de la vidéo qui résume bien la pensée de Jakubowicz. C’est lorsque entre 2’20 et 3’00 il essaie de justifier la différence de traitement entre un humoriste comme Coluche et Dieudonné lorsqu’ils faisaient des plaisanteries sur les Juifs. Pour Jakubowicz la différence se fait en étudiant le "subconscient antisémite" de l’artiste et sa mentalité axée sur la "haine primaire". Le problème c’est que ni le "subconscient" ni la "haine primaire" ne sont des notions que le droit peut appréhender, mais des notions de morale, de religion, voire de psychanalyse. Si on les introduit dans le droit il ne peut qu’en résulter que de l’arbitraire et du totalitarisme. Pire, une victime ou une personne dénonçant des injustices peut se voir priver de ses droits sur ce fondement. On peut l’illustrer par un exemple simple ; imaginons que A, un juif, donne un coup de pied dans le derrière de B, un non-juif. Si B doit prouver qu’il n’a pas de "subconscient antisémite" et qu’il n’éprouve pas de "haine primaire" contre A avant de pouvoir le dénoncer il est effectivement privé de tout droit. Comment attendre d’une victime d’une agression, où d’un artiste qui comme Dieudonné dénonce des injustices sionistes qu’il aime bien ceux dont il dénonce le comportement ?
A la fin de la vidéo il y a une scène qui trahit l’inculture historique de Jakubowitsch. C’est lorsqu’il dénonce Soral comme nazi, parcequ’il veut faire une synthèse du socialisme et du nationalisme, et que les nazis se disaient aussi national-socialistes. En fait il y avait au XXème siècle une école de pensée qui voulait à côté du socialisme internationaliste marxiste, privilégier un socialisme à base nationale. Un exemple était le parti du président tschécoslovaque Bénes, qui se nommait "parti socialiste-national tchèque" ce qui n’empêche pas Bénes d’être considéré comme un homme politique démocratique. En France on pourrait citer l’exemple du socialiste de gauche Jules Guesde, qui avait en 1914 pris le contrepied de Jaurès en entrant au gouvernement et en soutenant, contrairement à la seconde internationale la guerre contre l’Allemagne.