Après l’article de Thierry Messan sur les Etats-Unis et la Syrie, voici un article fort intéressant lui aussi de Jacques Sapir sur l’Europe et la Grèce. Le parallèle est intéressant car la crise grecque ressemble méchamment à une guerre économique et financière. La destruction du pays et sa mise à sac par des intérêts étrangers avec la complicité d’une classe politique corrompue est bien avancée. Mais sursaut du peuple qui soutient enfin plus franchement une alternative politique malgré ou peut-être à cause de son épuisement. L’Allemagne est effectivement maintenant dans le mauvais rôle non seulement vis-à-vis de la Grèce mais vis-à-vis de toute la zone euro. Mme Merkel qui s’est contentée (ce qui est déjà beaucoup si on la compare aux responsables politiques français) de bien gérer les intérêts de son pays en tirant le maximum des avantages de cette zone mark déguisée qui lui a permis de siphonner les économies plus faibles, se trouve dans une situation délicate qui exige d’elle plus de souplesse et d’inventivité qu’elle n’en a montré jusqu’alors. Elle va devoir se montrer plus conciliante et même mieux, plus européenne, c’est-à-dire enfin oeuvrer à ce que ses amis politiques allemands le deviennent aussi. Elle va devoir se montrer enfin soucieuse aussi du sort des populations de l’Europe qui subissent certes l’impéritie de leurs dirigeants passés et présents (aux niveau national et européen) mais aussi les conséquences de la rigidité de la politique monétaire de la zone euro. Sinon c’est une autre crise politique et financière de l’Europe que nous devrons affronter, beaucoup plus large et profonde et dont l’Allemagne aura la responsabilité plus directe ce dont elle risque de faire les frais durablement. Difficile toutefois de souhaiter que cette crise éclate, même si ce serait probablement l’occasion de faire le ménage politique en France à assez brève échéance.