Grèce : la chute finale a-t-elle commencé ?
10 mars 2015 18:57, par listenerIl faut bien souligner une chose juridiquement essentielle : la Grèce n’est pas en "faillite", elle est en "banqueroute", à savoir que sa défaillance ne tient pas seulement à une cause économique quelconque et extérieure à elle mais à une vraie faute de sa part (en droit général assimilable à de l’escroquerie) . On peut faire faillite et n’avoir rien à se reprocher. Mais le "banqueroutier" a commis une faute qui amène à l’exclure des circuits commerciaux et à lui infliger des interdits et sanctions.
Or cette faute de la Grèce (présentation de faux bilans pour être admise dans le cercle des états riches) est en fait partagée avec ses créanciers qui auraient dû voir, ont en fait vu et su et n’auraient donc pas dû lui ouvrir les portes de l’Europe et ouvrir les vannes du crédit sur une comptabilité faussée. La faute du banqueroute est donc partagée entre la Grèce et ses créanciers et surtout les technocrates bruxellois et politiques nullissimes (Giscard !) qui sont encore plus coupables que les préteurs financiers privés. Il arrive souvent qu’on étende le passif aux responsables d’une banqueroute comme des créanciers fautifs ou imprudents.. C’est ce qui se passe de fait.
Mais les état ne fonctionnent pas comme les sociétés commerciales. Les conséquences sont immenses mais politiques. Le première et que la vraie banqueroute de la Grèce a mis à mort et fait exploser l’Europe du Traité de Rome d’un seul coup : un pays est maintenant "aidé" par les autres membres de l’Europe sur la base d’une "solidarité" non codifiée et il a été mis sous perfusion financière. Donc lui est attribué un statut spécial au sein de l’Europe à savoir un statut de pays membre "aidé", donc distinct, inférieur, en tous cas particulier. Donc l’idée première de l’Europe d’être une "république" égalitaire d’états adultes,(un sorte d’amphictyonie à la grecque, justement) qui se gèrent librement sans solidarité entre eux, est définitivement morte. Il n’y a donc plus d’Europe, et une inégalité s’instaure, mais personne ne l’a encore formulé. L"Europe il est vrai ne fonctionne pas sur le droit mais sur le "circonstanciel". C’est ce qu’on appelle le "pragmatisme". Le Saint Empire Romain Germanique était aussi très "pragmatique".Mais, comme l’a dit Voltaire, il n’était plus à la fin ni "saint", ni "romain", ni "germanique".. Telle est l’Europe déjà. Un grand n’importe quoi géré par on ne sait qui pour on ne sait quoi..