Défaut grec ou défaut européen ?
26 mai 2015 12:47, par listenerToutes les considérations financières et économiques sont secondaires à côté de l’impact juridique et institutionnel que cette crise révèle sur la nature même de la "chose" qu’on appelle l’Europe, sur son sens et sa nature juridique, au fond, son "régime". Conçue au départ comme une vraie "république d’états", amphictyonie laïque et se voulant moderne mais non fédérale à l’américaine, nécessairement égalitaire par respect scrupuleux de souverainetés, donc non solidaire, elle prétend à la "solidarité" !
Or il existe un interdit absolu est très fort autour de l’idée de solidarité : s’il existe des solidarités entre états, lesquels ? L’Europe n’y survivra pas car le principe de souveraineté rend impossible son application. Cela dégénérera en solidarités restreintes, certains pays acceptant d’être solidaires de certains autres et d’autres refusant. Cela entraînera des regroupement d’états solidaires entre eux, complices. Exemple : la solidarité entre pays germaniques ! Et c’est reparti comme en 14 !
L’Europe forcée par la crise grecque a renié sa nature première et admis des statuts différenciés après le cas anglais (la Grèce après l’Angleterre est un état à statut spécial) et du bout des lèvres (les allemands n’en veulent pas) a admis l’idée de solidarité entre états (on se demande sur quelles bases et selon quelles règles). Soit c’est une fracturation entre pays-régions d’Europe, soit ce sera la constitution dans des conditions chaotiques, progressivement, d’un Etat unitaire, nullement "fédéral" mais unitaire. La seule question qui se pose : l’Europe sera-t-elle un état "en plus", une sorte de "Sur-Etat" s’ajoutant aux autres ou absorbera-t-elle les autres ? Evidemment, elle n’a pas l’estomac pour absorber tous les état d’Europe. Elle ne survit actuellement que par ruses.
L’origine de la crise grecque, c’est de ne pas avoir prévu et réglementé dans les traités un événement parfaitement prévisible : la faillite d’un état membre. L’Europe, club de riches, se contente de vouloir gérer la prospérité. mais pas les difficultés. Trop facile. Mais la Grèce est "aidée". Il y a donc "solidarité forcée". L"Europe n’est donc plus une "république d’Etats" souverains et égaux. Alors qu’est-elle devenue ? Bien malin qui pourra le dire.