Surmonter la crise économique : l’exemple islandais ?
25 juin 2015 12:54, par tobien« Le bilan est donc positif, 3 ans après la faillite, l’Islande se porte encore une fois comme un exemple pour le monde. » « En quasi-faillite il y a trois ans, le pays a refusé de renflouer ses banques et de régler ses dettes, à contre-courant de ses voisins européens. Un pari osé mais payant : la croissance sera de 4 % en 2015. » Cependant la réalité est, comme toujours, bien moins rose et plus difficile à vendre dans des journaux et des sites plus attirés par la quantité que la qualité. Ainsi, lorsqu’on lit que l’Islande aurait envoyé paître ses créanciers et le FMI.Il n’en est rien : le pays a bien suivi les recommandations du FMI à la lettre, et a même souvent été plus loin que ce que l’institution internationale lui demandait. Quant à ses créditeurs bancaires, elle ne les a pas envoyé promener, elle s’est simplement retrouvée dans la position de faillite qui l’a empêchée, concrètement, de les rembourser le rapport de la Commission Spéciale d’Enquête explique bien que le gouvernement aura absolument tout tenté pour sauver les banques, y compris demander des prêts intenables pour pouvoir rembourser les dettes contractées. Et si quelques banques ont dû s’asseoir finalement sur certaines dettes, cela est plus dû à l’incompétence du gouvernement qu’à une quelconque volonté de ne pas rembourser. Pour ce qui est de la « nationalisation des banques », cela s’est fait de bien piteuse manière : rapidement nationalisées, les trois banques les plus en difficulté ont été re-privatisées en temps record, et sont maintenant la propriété des créditeurs. Autrement dit, les banques islandaises sont maintenant la propriété d’étrangers. Plus intéressant encore, la description dont une partie de la dette a été « effacée » (celle des prêts portés par du carry trade) permet de bien se rendre compte que les Islandais sont toujours dans un marécage légal. Et que l’autre partie de la dette, assise sur l’inflation, est loin d’être annulée, d’autant que cette inflation n’est pas nulle, et ne l’a jamais été. Pire : l’effort d’annulation de la dette ayant porté sur les emprunts les plus risqués (en carry trade), ce sont ceux qui ont pris le plus de risque qui se retrouvent avec le moins de dette. Quant à la reprise économique souvent vantée, … elle est anémique pour le dire pudiquement :
avec une inflation actuellement à 4% pour 2015 (inflation sur laquelle sont assis nombre d’emprunts, je le rappelle) l’Islande fait, au mieux, du surplace.