Une monnaie chinoise adossée à l’or en passe de remplacer le dollar
24 juillet 2015 16:14, par nicolasjaissonIl ne faut pas trop fabuler sur l’émergence d’une monnaie chinoise adossée à l’or. Le stock d’or chinois est de 10,000 tonnes d’or en estimation haute, ce qui équivaudrait à 7% de la quantité de monnaie M1 chinoise en circulation. Pour éviter que l’offre monétaire adossée à l’or n’ait un effet déflationniste, de par la restriction de la quantité de monnaie en circulation, il faudrait que le stock d’or chinois équivaille à au moins 20% de M1. On en est très loin. Actuellement le yuan n’est utilisé comme monnaie d’échange que dans 2% des transactions internationale. Par ailleurs il n’existe pas de possibilité d’investissement financier des yuans accumulés par les partenaires commerciaux de la Chine. Le principal véhicule d’investissement est le marché obligataire. Actuellement il n’existe pas de marché obligataire en yuans, ni même d’outils financiers et juridiques permettant de gérer des investissements en obligations chinoises (instruments de hedging, instruments de couverture, échange de titres contre du liquide, etc). La Chine ne semble pas disposer non plus à jouer avec la règle du jeu du marché libre en ce qui concerne la fixation du prix des actifs en obligations ou en actions, condition sine qua none pour devenir une monnaie de réserve. Les interférences de l’Etat sont constantes dans la fixation artificielle du prix des actifs, comme on a pu le constater lors du dernier crash boursier en Chine ou lors du refinancement des prêts alloués aux gouvernements locaux chinois par des obligations dont les taux étaient maintenus au plancher. Mettre le pistolet sur la tempe des investisseurs, sous prétexte de pratiques déloyales, n’est pas le meilleur moyen d’inspirer confiance. Rappelons à ce sujet que le gouvernement chinois a trahi la confiance de dizaines de millions de petits investisseurs auxquels il avait ouvert l’accès au marché actions, tout en revenant sur les mesures de libéralisation du marché quelques semaines plus tard sous prétexte de mettre un frein à l’endettement des investisseurs qui empruntaient au shadow banking pour acheter des actions. Pourtant l’existence du shadow banking était connue des autorités chinoises comme un moyen classique de contourner une législation restrictive. La Chine a donc du mal à se mettre à la création de valeur par le marché, dans le cadre de la création d’une économie basée sur les services financiers, qui doit prendre le relais de la création de valeur par l’investissement.