Le dopage et le sport de haut niveau sont intrinsèquement liés. Il ne faut pas simplement concevoir le dopage comme la prise de médicaments détournés de leur usage habituel pour améliorer ses performances, mais aussi et surtout comme un moyen de récupération permettant de tenir le rythme infernal des entraînements et des compétitions qu’implique le haut niveau. Le Tour de France, concrètement, c’est tous les jours et pendant trois semaines une course de plus de 200km contre les meilleurs cyclistes du monde avec du vent, des bosses, et des cols hors-catégories. Sans compter la chaleur estivale. Il n’y a donc pas raison d’être outré lorsque ces mêmes cyclistes prennent de la testostérone ou se font une transfusion autologue pour éviter les courbatures et espérer tenir le choc le lendemain. Quant au dopage en tant que moyen d’améliorer ses performances, il est important de rappeler que ça n’est pas le dopage qui fait le champion. Lorsqu’en 1995, Marco Pantani a établi le record de l’ascension de l’Alpe d’Huez après avoir décroché Jan Ulrich et Richard Virenque comme de vulgaires caravanes, il prenait (on le sait depuis) exactement la même EPO que ses deux concurrents. Il est donc triste de voir les aficionados de sport sombrer dans l’idolâtrie du champion et de voir ces mêmes champions devoir mentir quant à la réalité de leurs conditions de travail. La naïveté des uns n’a d’égal que l’hypocrisie des autres.