Le Foll drague les Russes avec ses porcs
19 septembre 2015 12:49, par SherlockL’embargo russe sur les produits agricoles européens, bien qu’il ait été décrété pour des motifs politiques, est une véritable aubaine sanitaire pour la Russie.
En effet l’utilisation abusive et généralisée des antibiotiques dans l’élevage intensif, qu’il s’agisse de la filière porcine en particulier ou des autres en général, est en train de donner le jour à des souches bactériennes résistantes aux traitements antibiotiques chez l’homme, notamment le SARM (staphylocoque doré résistant à la méthyciline).
Pour les curieux, un excellent reportage d’ARTE disponible sur YouTube (germes tueurs, le fléau de l’élevage intensif) aborde ce sujet. J’en cite un passage significatif : "En milieu hospitalier, l’augmentation du nombre de patients atteints de SARM d’origine animale explose". On y voit des médecins et biologistes allemands, néerlandais ou danois mais c’est bizarrement l’omerta du côté des spécialistes de santé français.
Pire encore, les déjections issues de ces élevages intensifs sont ensuite utilisées comme engrais, permettant à ces bactéries d’infecter la chaine alimentaire végétale. Dans une étude réalisée à Berlin (cf. le reportage en question), sur 30 variétés de légumes achetés en grande surface, 14 étaient infectés, soit près de la moitié.
Tout ça parce que nos éleveurs préfèrent exposer la population de nos pays à ce grave danger sanitaire plutôt que de voir leurs animaux perdre un peu de poids à cause d’une épidémie de grippe, qui leur couperait l’appétit pendant une semaine pour cause de fièvre. Et puis aussi parce que l’utilisation d’antibiotiques engendre une prise de poids, ce qui augmente d’autant les marges des éleveurs.
Pleurer sur le sort de nos éleveurs intensifs équivaut à s’apitoyer sur le décès tragique d’un soldat allemand tombé d’un mirador pendant son tour de garde durant la dernière guerre mondiale. Faudrait peut-être pas trop pousser la larmichette, ça en deviendrait inconvenant parce que, dans le fond, ces pratiques mettant en péril la santé de nos populations est uniquement motivé par l’appât du gain.
Certes ce fléau qui nous menace tous à plus ou moins brève échéance est absent dans l’élevage bio mais ça m’étonnerait que les éleveurs européens aient l’intention d’exporter des produits de l’agriculture bio en Russie. Ce voyage de notre ministre s’apparente donc à une déclaration de guerre bactériologique à laquelle son homologue russe ferait bien de s’opposer.