Quand Najat veut censurer Cendrillon
9 octobre 2015 14:14, par YldriLes Cendrillon de Disney sont une série très pédagogique pour une jeune fille.
Cendrillon 1 : je capitalise ma jeunesse et ma fertilité pour accéder aux richesses d’un homme et échapper à la misère économique et sociale.
Cendrillon 2 : je n’abuse pas de mon nouveau statut, je participe et soutiens vraiment mon foyer, même si j’ai possibilité de me soustraire à ces efforts. Bonus : une autre femme du film choisit un homme de moindre statut parce qu’il la traite bien.
Cendrillon 3 : je peux manipuler un homme pour qu’il me donne son pognon, mais j’y renonce car je n’ai pas d’amour à lui apporter.
Dans le Disney de 1950, le sujet est totalement pro-féminin. Une femme accède à des générations de richesse et de statut social simplement parce qu’elle est jeune et belle. C’est une représentation assez claire, bien qu’idéalisée, simplifiée et même un peu cynique (ce qui est le but d’un conte), de la base des relations entre un homme et une femme, où on échange les ressources contre la fertilité.
La faiblesse du 1 justifie les deux suivants. C’est Cendrillon 2 qui devrait affoler les féministes : on voit que Cendrillon ne profite de sa richesse pour se reposer sur ses lauriers, et qu’elle n’arrête pas d’aider les servantes. Une femme qui, par sa beauté, a décroché le jackpot marital ultime, qui aurait accès à l’hédonisme, et qui préfère se démener pour son foyer ? Impensable !
On y voit même Anastasia, une des deux belle-sœurs, tomber amoureuse d’un boulanger parce qu’il l’a bien traitée. Une femme reconnaît la valeur d’un homme simplement parce qu’il a bon cœur et qu’il est un honnête travailleur ? Scandaleux !
Cendrillon 3 en remet encore une couche, en passant Anastasia au premier plan et en montrant qu’elle renonce à épouser le Prince même après l’avoir séduit par magie (encore un truc que les féministes devraient dénoncer, si le sexe opposé n’est présenté que comme un objet de convoitise plutôt qu’une personne à part entière) car elle se sent coupable. Le générique de fin montre ensuite que c’est avec le boulanger qu’elle fait sa vie. Une femme qui renonce au matériel car elle n’est pas une sociopathe narcissique et manipulatrice ? Tu m’étonnes qu’une féministe n’arrive pas à s’identifier.
Pour les amateurs, le film de 2015 est une excellente surprise qui réussit à garder un message honnête tout en développant les personnages et en rendant le tout moins cynique.