"Je ne peux faire valoir ni ma raison, ni mon intuition, ni ma mémoire ni mon cœur. Je ne peux rien dire, en fait, sans être aussitôt politiquement tatoué. Je peux juste acquiescer, déclarer le monde crépusculaire où je vis comme le meilleur des mondes possibles, et m’occuper de mes petites affaires privées. C’est exactement ainsi que mes parents ont dû survivre dans la Yougoslavie communiste."
Je me reconnais dans cette description, à l’exception près que je préfère ne rien dire du tout plutôt que d’acquiescer ou déclarer quoi que ce soit. Je me tais la plupart du temps. Si je m’exprime, je fais très attention à ce que je dis et à qui je le dis. Et le jour des votations, je tiens ma dérisoire petite vengeance en glissant dans l’urne le contraire de ce que toute l’élite politico-médiatique me dit de voter. Mais je suis d’accord avec M. Despot : on ne construit rien ainsi. On ne fait qu’essayer de résister à notre petite échelle, on ne fait que survivre. Le "monde libre" est ailleurs... s’il est quelque part !
Pour reconstruire quelque chose, peut-être faudrait-il retourner aux sources de la Suisse non-urbanisée, dans l’agriculture, aussi loin que possible des grands centres.