Alain Soral attaqué par le "magazine de Daech"
4 décembre 2015 10:07, par Anne GuerrierJe suis contente d’avoir lu Nabe (je ne l’aurais jamais fait sans cet article d’E&R, merci) qui se place évidemment dans une tradition française iconoclaste et nihiliste, et comme tel, doit être pris avec le recul nécessaire, mais qui pose quand même un principe utile à méditer : nous raisonnons trop en Occidentaux, nous avons tendance à sous-estimer l’idéologie du Daesh, l’autonomie de ce phénomène par rapport aux instances occidentales qui ont pu collaborer activement ou passivement à la montée du fondamentalisme dans cette région, et l’intelligence de certains de ses cadres, qui utilisent la modernité et ses outils, même si les militants de base, eux, sont primaires. Le mélange de spiritualité et de barbarie nous déconcerte, et nous avons naturellement tendance à voir l’intervention directe de services étrangers dans tout ce que l’état islamique produit de "moderne". Il est peut-être temps de renoncer à notre complexe de supériorité occidental, qui nous incline naturellement à disqualifier d’emblée une intelligence différente de la nôtre, et ce, pour avoir une analyse plus utile sur le phénomène. Ce magazine est probablement authentique, et ce qu’il nous enseigne, au fond, c’est que le démon occidental dont la manifestation la plus extrême est le sionisme, a un frère jumeau qui n’est pas seulement son gadget, sa créature manipulée, mais une version du même mal, de même envergure, déclinée dans une autre culture. L’antagonisme qui se dessine désormais, c’est celui qui oppose ces deux monstres apparemment antagonistes mais en réalité alliés sans le savoir pour une oeuvre de destruction, et le reste, nous autres, qui allons devoir apprendre à nous définir pour nous défendre mieux. Sionisme et l’idéologie qui fait fonctionner Daesh ont les mêmes caractéristiques de fond, c’est peut-être un début que de les dégager : tous deux reposent sur une interprétation totalement matérialiste (c’est à dire une inversion radicale de l’esprit) de la religion sur laquelle ils s’appuient. Ce n’est pas une falsification à proprement parler, c’est pire : une confusion entre la fin de la religion et les moyens de la religion, qui revient à lui faire jouer précisément le rôle de ce qu’elle était née pour combattre à l’origine. Tous deux s’accompagnent d’une violence sidérante, une forme d’obscénité morale qui déstabilise l’esprit qui la contemple, ce qui est un danger en soi, au-delà de la destruction physique (c’est ça qui fascine Nabe).