Chevènement : "Ne nous laissons pas prendre en otages par la Turquie"
12 mars 2016 15:16, par uzfrBonjour à tous,
Je suis Turc et je vis et travaille entre la France et la Turquie, aussi voulais-je donner l’avis de quelqu’un qui voit le drame des Syriens autrement qu’à la télévision.
Déjà, je ne vois pas en quoi la Turquie prend l’Europe en "otage". Les seules personnes prises en otage ici sont les réfugiés Syriens qui, contrairement à ce qui est dit, sont plus proches de 7 millions que de 2,5 millions (d’ailleurs on a eu plus de 152 000 naissances d’enfants Syriens en Turquie depuis 2012...). Je laisse à ceux qui me liront, qu’ils connaissent la Turquie ou pas, imaginer au quotidien la cohabitation avec une population étrangère en plein désarroi qui représente 10 % de la population de votre pays, la Turquie étant peuplée de 70 millions d’habitants.
En France, je vis dans une commune de 7 000 habitants et en Turquie dans un village de 3 000 habitants et, même dans mon village, il y a des réfugiés partout. Imaginer dans les grandes villes du pays. C’est totalement ingérable.
Ce qui est en train de se passer en réalité, c’est les puissants (je ne dirai même pas l’Europe qui est aujourd’hui une organisation inepte, mais bel et bien l’Allemagne, qui paie la Turquie pour y conserver ces populations non désirées comme elle le fait avec la France chez qui elle fait stocker ses poubelles).
Le problème de la Turquie est, très clairement, d’avoir joué sur le mauvais cheval en pariant sur la chute du régime d’Assad en prenant le partie de l’Oncle Sam contre les Russes ce qui a pour conséquence aujourd’hui d’isoler complètement la Turquie sur la scène internationale, la renvoyant à sa position d’état vassal puisque, au final, les grands de ce monde devenu bipolaire, l’Oncle Sam et les Russes, finissent par s’entendre au détriment de leurs vassaux respectifs.
De mon point de vue, la Turquie aurait eu bien plus à gagner en pariant sur les Russes qui, à l’arrivée des Turcs en Anatolie en 1071 étaient déjà leurs voisins, tout comme les Syriens. Ceci car dans 1 000 ans, la Turquie sera toujours voisine de la Syrie et de la Russie mais avec le début de leur déclin diplomatique rien ne dit que l’Oncle Sam sera encore là à déstabiliser le moyen orient...