Antoine Deltour, le soldat inconnu des lanceurs d’alerte
23 avril 2016 03:49, par manou17Je trouve les articles sur Antoine Deltour et PwC trop biaisés. L’un n’a rien d’un lanceur d’alerte agissant au péril de sa vie, et l’autre élabore des rulings qui n’ont rien de secrets sauf peut être pour le grand public (à noter que d’autres Etats-membres passent des accords avec leur administration).
En tout cas rien de très nouveau pour la commission qui avait formé un groupe de conduite pour étudier ces pratiques fiscales dès...1999 ! Il est vrai qu’au Luxembourg, les rulings n’ont rien de la rigueur des rulings d’autres Etats-membres, le luxembourg n’étant qu’une juridiction de transit de fonds, il suffit de sécuriser quelques problématiques en discutant avec une administration peu qualifiée (de moins en moins il est vrai). Donc rien de secret, en tout cas pas pour la commission ni les Etats-membres.
Quant au pauvre A. Deltour, il est moins un lanceur d’alerte qu’un type qui s’est peut être pris la violence psychologique des méthodes de management en pleine gueule. Il a alors probablement pété les plombs et a cru qu’il se vengerait à bon compte en communicant des documents "confidentiels" à des journalistes...
Ironie du sort, son geste a peut être plus servi les Etats-membres, qui, très hypocritement, ont eu leur prétexte pour demander un peu du fric que le Luxembourg engrange en proposant des "passes" à l’industrie des fonds d’investissements.
Pour paraphraser Alain Soral, ce jeune homme s’est retrouvé dans un jeu de billard à trois bandes, a voulu frapper un grand coup, et s’est retrouvé coincé d’une part entre une entreprise au modèle managérial d’une violence et d’un sadisme inouïs, qui contente les esprits serviles et pervers, asservit les faibles et harcèle jusqu’à l’agonie les insoumis, et d’autre part entre les gouvernements et la commission qui ont vu là une aubaine pour faire...de la péréquation financière ? Vive l’Europe fédérale !
Pour ces raisons, oui il faut défendre ce jeune homme, contre la vengeance sans pitié des puissants, contre les sadiques qui jouissent (et se voient gratifiés) de voir des têtes tomber, contre une criminalisation de son geste, contre l’impunité du management-harcèlement et contre l’évasion fiscale - vous avez dit un aller Luxembourg - Londres - Panama et le retour via la Suisse ?
Ce jeune homme a voulu se faire justice car l’autre justice n’existe pas. Seul l’argent compte là-bas. On achevait bien les chevaux en 1929. N’est pas lanceur d’alerte qui veut.