Diviser pour régner : brève histoire de l’art de gouverner
13 mai 2016 09:55, par Marion SigautThomas More avait livré une définition remarquable d’un gouvernement : « Rien qu’une certaine conspiration d’hommes riches, s’assurant leurs propres avantages sous le nom et le titre de République. »
Ce n’est pas ce que dit Thomas More dans Utopie où le propos n’est pas de donner "une définition remarquable d’un gouvernement" mais de dénoncer la tyrannie des riches :
"C’est pourquoi lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république."
Richelieu, deux mille ans plus tard, exprima une idée similaire. Dans ses mémoires politiques (1642), le cardinal écrit à propos de la guerre, qu’il juge nécessaire : « Les États en ont besoin en certains temps, pour purger du royaume les mauvaises humeurs. »
La citation de Richelieu, tirée de son testament politique, est la suivante :
"Au jugement des mieux sensés, la guerre est quelquefois un mal inévitable, et en d’autres rencontres il est absolument nécessaire et tel qu’on peut en tirer du bien. Les Etats en ont besoin un certain temps pour purger leurs mauvaises humeurs, pour recouvrer ce qui leur appartient, pour venger une inujure dont l’impunité en attirerait une autre, pour garantir d’oppression leurs alliés, pour arrêter le cours de l’orgueil d’un conquérant, pour prévenir les maux dont on est apparemment menacé et dont on ne saurait s’exempter par une autre voie ou enfin, pour divers autres accidents."
Rien ici qui soit la justification de faire la guerre pour éloigner les classes dangereuses.
(A suivre)