Diviser pour régner : brève histoire de l’art de gouverner
13 mai 2016 10:00, par Marion Sigaut
(suite et fin)
Le maréchal de Villars, fidèle du « Roi Soleil », constatait déjà, au XVIIe siècle, l’attrait que ne manquait pas d’exercer l’armée en des temps d’indigence. Il y voyait une aubaine pour le pouvoir : « Le malheur des peuples fait le salut du royaume. »
« Hier, pour donner du pain aux brigades que je faisais marcher, j’ai fait jeûner celles qui restaient. Dans ces occasions je passe dans les rangs, je caresse le soldat, je lui parle de manière à lui faire prendre patience ; et j’ai eu la consolation d’en entendre plusieurs dire : Monsieur le maréchal a raison, il faut souffrir quelquefois. » Cette bonne disposition des soldats me donnait du courage ; je les trouvais maigres comme gens qui avaient souffert et qui souffraient encore, mais fermes et résolus. Les recrues qui nous venaient étaient des hommes nerveux, accoutumés à la fatigue, que la misère des campagnes forçait à s’enrôler ; de sorte qu’on pouvait dire que le malheur des peuples fut le salut du royaume. »
"Fut", et non "fait". En des circonstances particulièrement dramatiques et énoncées, comme telles.