En dessous de 5000 euros par mois, il est absurde de vouloir vivre à Paris, ou alors on se condamne à n’en avoir que les inconvénients. Sur ce plan, Paris suit l’évolution de toutes les métropoles mondiales qui éjectent les pauvres et la classe moyenne en se gardant un sous-prolétariat corvéable à merci qui accepte de travailler pour une misère (et n’a pas le choix).
Pour ma part, j’ai vécu un temps la vie de grand banlieusard avec ses 3h ou 4h de transport quotidien ; sans le sport, je me serais complètement amenuisé et épuisé dans ce mode de vie, il suffit de voir la mine délavée et l’aspect général fatigué des gens dans les transports en commun pour s’en rendre compte.
A l’heure actuelle de nombreuses petites villes ou régions tentent d’attirer une main d’œuvre qualifiée à qui elle peut proposer un cadre de vie beaucoup plus sain. Ceci étant dit, la vie à la campagne est largement idéalisée et il faut aussi pouvoir en supporter les "inconvénients", les possibilités de sortie limitées, le voisinage de plus en plus asocial et insupportable (genre banlieusard à la campagne, les néo-prolos qui se lâchent complètement dès qu’ils ont un bout de jardin), les longs mois d’hiver où la déprime peut s’installer, les routes mal entretenues, les déserts médicaux qui s’installent (chez moi un an pour obvenir un rdv de 10mn chez l’ophtalmo). Sans même parler de la transformation de la faune et de la flore et de la pollution omniprésente aux abords des champs.
Par ailleurs, on retrouve souvent à la cambrousse les défauts bien connus de notre classe politique, mais de manière exacerbée : maire autocrate se prenant pour pharaon, dépenses somptuaires ou inutiles, fonction publique inefficace, délires culturels subventionnés des petits bobos des champs qui veulent tout comme à la ville...
Tout ce qui faisait le charme de la vie à la campagne a progressivement disparu. Alors que ma grand-mère pouvait vivre seule en étant quasiment autonome grâce aux livraisons (boucher, boulanger, supérette, surgelés, le postier jovial qui entrait et qui restait quelques minutes pour discuter, etc...) et à l’entraide, il est devenu complètement irréaliste pour une personne âgée seule d’espérer vivre de manière plus ou moins autonome. Récemment on a retrouvé un vieil homme étendu chez lui depuis des heures : sa fille ne passait plus qu’en coup de vent en lui déposant la nourriture à l’entrée comme à un chien.
C’est tout ça la vie à la campagne... gare à l’idéalisation "bio".