La question de l’usure renvoie à la fixation du prix de l’argent, qui a commencé à réellement se poser avec l’expansion de la circulation des capitaux à travers toute l’Europe et au-delà. Il fallait trouver un moyen de déterminer le juste prix des prêts bancaires qui alimentaient le commerce, via les réseaux de banquiers qui ont prix leur essor dans l’Italie du XVème siècle pour s’étendre ensuite à toute l’Europe grâce à l’afflux des métaux précieux en provenance du "Nouveau Monde". Dans ce cadre les pays qui ne pratiquaient pas l’usure, c’est-à-dire la fixation officielle du prix de l’argent, payaient souvent un prix plus élevé, du fait que le loyer de l’argent était déterminé arbitrairement par les commerçants privés en fonction de l’offre et de la demande. Voir à ce sujet l’ouvrage d’Adam Smith sur la "richesse des nations" au XVIIIème siècle. Le prix de l’argent était à cette époque bien supérieur en France qu’il ne l’était en Angleterre. Idem pour les pays qui interdisaient l’usure, sans tenir compte des réalités économiques qui faisaient que le crédit était devenu indispensable au commerce en période de forte expansion économique et de développement des échanges commerciaux à travers toute l’Europe. L’agriculture est progressivement supplantée par le commerce et l’industrie comme principale source de la création de valeur, ce qui a progressivement révolutionné le rapport à l’argent et les théories sur la création de valeur ,qui ont évolué dans le sens de la libéralisation des flux commerciaux et de la spécialisation en fonction des avantages économiques comparés, au nom de l’optimisation de la "création de valeur". La France était largement en retard sur l’Angleterre en ce qui concerne l’évolution de la pensée économique, ce qu’elle a payé sous la forme d’une faiblesse compétitive par rapport à ses concurrents anglais, se concluant par les traités de commerce inégaux signés par Louis XV avec le Traité de Paris. La révolte de la bourgeoisie n’en sera que plus exacerbée devant la paralysie d’une monarchie héritée d’une autre époque dont le souvenir s’estompait devant la montée en puissance des puissances commerciales et militaires globales.