L’arrêt du 30 juin 2009 de la cour de Karlsruhe qui stipule qu’en raison des limites du processus démocratique dans l’Union européenne, seuls les États nations sont dépositaires de la légitimité démocratique est dans la stricte ligne des conceptions juridiques françaises, aussi curieux que cela puisse paraître. La constitution allemande a été imposée par les vainqueurs pour éviter les "résurgences". C’est une constitution pour "dénazifiés" et elle se retrouve être le seul bloqueur sérieux à la dinguerie fédérastique européenne. Mais l’analyse du terme "démocratie" reste à faire. C’est devenu un irritant "buzzword" (un mot qui fait bzz bzz), comme disent les anglais, alors que le sens qu’on donne à ce mot est au cœur du problème.
La grande leçon (mais ce n’est qu’un début d’analyse) que donnent les anglais en protestant précisément sur ce sale problème de l’immigration que personne ne veut voir en face, c’est qu’une "démocratie" donne d’abord des bornes au "demos". Car mettre des bornes aux choses est le seul vrai pouvoir du citoyen sur les choses qui ne peut définir leur substance car il n’est pas un dieu, contrairement à ce que les américains pensent ("mariage pour tous" !) en donnant le pouvoir de définition à de la substance des choses à des hommes. Et si la "chose peuple" ne se définit pas d’abord et avant toute chose, ne dit pas ses bornes, ses limites, la démocratie est un vain mot. Une liste des citoyens, avant toute chose. Sans aucune haine ou "discrimination". Tel est citoyen et tel ne l’est pas. C’est là dessus que l’Europe bute, car pour elle, la démocratie est un "plérôme", une "plénitude", or ce n’est pas une plénitude. L’erreur de la démocratie "moderne" est là. Ne pas vouloir définir le "demos". La panique populaire vient de là.
Ensuite, une fois définies les bornes du demos, parler du "cratos", du pouvoir. Or ce cratos est évidemment et toujours instable et mis en péril par les deux états antinomiques qui font vaciller la société, la guerre et la paix. En temps de paix, il est facile de parler et de faire participer les citoyens, les faire "voter" (ce qui n’est en fait que peu important par rapport au problème précédent). Pas en temps de guerre, car on a pas le temps. C’est le dieu "chronos" qui commande. Si la guerre approche, on a plus le temps de voter, blablater. Il faut surtout de bons généraux et des citoyens en état de marche.