Un journaliste d’Envoyé spécial devient prof de maths après un entretien de 10 minutes
5 novembre 2016 09:14, par GonzagueLes deux seuls attraits de ce métier restent la sécurité de l’emploi due au statut de fonctionnaire, lequel statut ne va pas durer, et les 15 semaines de congé annuel.
Ces deux avantages convainquent beaucoup de profs actuels à rester malgré la détérioration continue du métier, la mauvaise image du corps enseignant dans l’opinion publique et les campagnes de dénigrement continues orchestrées par les médias et le personnel politique, droite et gauche confondues. Cependant, cette sécurité de l’emploi et ce temps libre assez exceptionnel ne suffisent plus à attirer les jeunes diplômés qui désertent les concours.
Ajouter à cela les salaires peu attrayants et les incessantes réformes pédagogistes, l’autorité sans cesse sapée par les démagogues de tout poil, les élèves de moins en moins bien éduqués et les parents d’élèves de plus en plus consommateurs et qui pensent que l’école est une halte garderie et vous aurez le tableau d’un métier presque totalement déconsidéré.
Nous avons l’école que nous méritons et, vu ce que les prétendants au pouvoir disent des enseignants (Sarkozy, selon lequel les profs ne travaillent que six mois par an, ou Lemaire), confortant l’idée selon laquelle ils sont payés à ne rien faire, ce métier n’est pas prêt d’attirer à nouveau.
Les profs font partie de ces nouveaux boucs émissaires qu’on livre à la vindicte populaire et auxquels il est prévu de faire la peau dans des délais assez brefs. Le français moyen s’en réjouira dans un premier temps mais déchantera ensuite assez rapidement quand il s’apercevra que le système scolaire public est détruit et que, pour espérer une instruction de qualité, il devra se saigner aux quatre veines pour inscrire ses bambins dans des bahuts privés haut de gamme (parce qu’il n’y a pas que du privé de qualité) lesquels, de toute manière, sélectionnent aussi les élèves sur dossier. Donc, tous les cancres et mal élevés qui sont acceptés obligatoirement dans le public sont refoulés dans le privé qui se s’embarrasse pas de petits emmerdeurs.